Les femmes prennent la forêt d’assaut

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C’est mercredi après- midi. Alors que la plupart des étudiants sont en cours ou rattrapent le retard qu’ils ont accumulé dans leurs devoirs, Myriam Desmeules, étudiante en Techniques d’éducation à l’enfance, est au magasin Pronature Chasse et pêche Chicoutimi. Avec la saison de la chasse qui s’en vient à grands pas, elle doit s’équiper pour s’adonner à son activité favorite.

«C’est certain que le fait d’être une jeune femme qui aime la chasse, ça surprend un peu. On n’est pas beaucoup et les autres filles ne comprennent pas toujours ma passion», explique-t-elle en riant. Pour cette étudiante en Techniques d’éducation à l’enfance au Cégep de Jonquière, le fait que ce soit une activité plutôt masculine ne l’empêche pas d’en profiter.

«J’avais quatre ou cinq ans quand j’ai commencé à aller chasser l’orignal et la perdrix avec mon père. C’est un peu comme notre tradition», raconte- t-elle devant l’étalage de bottes de marche. Étant donné ses obligations scolaires, Myriam ne peut pas partir très longtemps. Toutefois, la jeune chasseuse s’assure de se retrouver seule avec elle-même pour guetter la bête au moins une fois pendant la saison.

La chasse pour se ressourcer

Si, pour Myriam, cette acti- vité est synonyme de tradition, il en est autrement pour Suzanne Bélanger. Couturière de profes- sion et chasseuse amatrice, Mme Bélanger fait part des propriétés apaisantes de cette occupation, «J’adore l’automne. Aller à la chasse me permet d’en profiter, de marcher dans le bois et d’admirer les belles couleurs. C’est comme des vacances; pas de bruits,
juste moi et la nature», confie-t-elle.

Dans le confort de sa coquette maison, quelques beaux souve- nirs refont surface. Autour d’une table en bois, un café à la main, elle se remémore l’exaltation de la première fois où elle a atteint sa cible; un petit buck qui lui a valu toute la fierté du monde. Les yeux brillants d’excitation, elle se livre dans un récit plutôt comique. «Mon mari était avec moi et il m’a vue tirer. Je l’ai eu du premier coup. Ça faisait comme dans un film. J’étais fière… Disons que ce soir là, on avait de quoi fêter!», s’exclame-t-elle.

De plus en plus nombreuses

Selon le propriétaire de la boutique Pronature Chasse et pêche Chicoutimi, Éric Lapointe, il y a eu une importante augmen- tation du pourcentage de femmes fréquentant sa boutique.

C’est aussi ce qu’a remarqué Mme Bélanger sur le terrain. Chaque année, pendant les trois semaines où elle chasse, elle a pu constater que le nombre de comparses féminines avait augmenté. Son intérêt a même provoqué un engouement au sein de son groupe d’amies. «On était trois couples à chasser ensemble au départ. Nous, les femmes, on suivait plus qu’autre chose. J’ai commencé à suivre des cours de tir et quand j’ai eu mon arme à feu, les autres filles ont suivi elles aussi», explique-t-elle fièrement.

Matériel spécialisé

Avec l’augmentation du nombre de femmes qui s’adonnent à cette activité, les fabricants de matériel spécia- lisé n’ont pas eu le choix d’offrir des produits à cette clientèle. Par exemple, on retrouve sur le marché des armes moins lourdes et qui ont une crosse plus courte, des vêtements à la coupe féminine et des accessoires adaptés aux cheveux féminins. Il existe même des gadgets pour permettre aux dames d’uriner comme les hommes, beaucoup plus pratique quand il commence à faire très froid.

Malgré tout, ces équipements ne sont pas disponibles partout et cela pose problème. «Des fois, je trouve ça assez pénible de devoir chercher de l’équipe- ment adapté, mais quand je viens chez Pronature Chasse et pêche Chicoutimi, je trouve ce qu’il me faut», commente Myriam. La jeune chasseuse souligne qu’avec un bon équipement, la chasse est aussi agréable, qu’on soit un homme ou une femme.

Éric Lapointe met un point d’honneur à ne pas étiqueter ses clientes: «C’est certain qu’il y a un certain marketing autour des produits pour femmes, mais le plus important, c’est de trouver ce qui va convenir le mieux à chaque client.»

De son côté, Suzanne constate la belle évolution du matériel offert. «Quand j’ai commencé, j’achetais des vêtements de gars et je les modifiais pour ne pas avoir le fond de culotte aux genoux!», se rappelle-t-elle.

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