Phénix, le reflet de l’incompétence

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 Avant même sa mise en œuvre, l’implantation du système de paye Phénix était presque ornée d’une immense pancarte clignotante sur laquelle il est écrit «Fiasco en vue». Cependant, le gouvernement a décidé de fermer les yeux sur de nombreuses mises en garde pour sauver quelques sous.

 

En 2010, le Parti conservateur de Stephen Harper a décidé de remplacer le système de paye des fonctionnaires fédéraux par un plus moderne, soit le dispositif automatisé Phénix. Le projet promettait la création de 550 nouveaux emplois et des économies annuelles de 70 millions $.

Pourtant, ce système était connu pour ses multiples ratés ailleurs dans le monde. La compagnie IBM a même été bannie du Queensland, en Australie, après que la formule Phénix ait été qualifiée de «probablement le pire échec d’administration publique de l’histoire de l’Australie» par le premier ministre du pays. Elle avait également échoué dans l’implantation d’un système de gestion en Ontario.

Au même moment, Harper a annoncé l’abolition de 700 postes de spécialistes de la paye et la centralisation de tous les autres à Miramichi au Nouveau-Brunswick, une ville moins populeuse que l’arrondissement de La Baie.

Conséquence directe de cette mauvaise gestion, des spécialistes de la paye de partout au pays ont refusé de déménager si loin et de nouveaux employés ont dû être formés précipitamment avant la mise en place de Phénix. Une structure dont 300 000 personnes dépendent a donc été confiée aux mains d’un personnel inexpérimenté.

Puis, après six longues années d’attente, Phénix est entré en fonction au printemps 2016 après avoir été approuvé par les libéraux. Dès avril, des employés fédéraux se sont plaints de ne pas avoir été payés depuis plusieurs semaines. Un an plus tard, ce sont plus de 150 000 fonctionnaires qui ont des problèmes de rémunération liés au système Phénix. Certains employés peuvent passer plus de six mois sans recevoir de salaire, alors que d’autres perçoivent trop d’argent.

C’est un euphémisme de qualifier de catastrophe cette histoire où l’État brime le droit acquis que devrait avoir n’importe quel travailleur: recevoir un salaire.

Inactivité, mauvais suivi, tromperie et mauvaise gestion: les nombreux faux pas du gouvernement concernant Phénix ont coûté à ce jour 1,4 milliard $ aux contribuables et le problème est toujours loin d’être réglé. Au contraire, chaque semaine, les reproches se multiplient devant ce désastre technologique d’une ampleur aberrante.

Il est scandaleux que dans un pays démocratique, les employés du gouvernement doivent chambouler leur vie pour garder la tête hors de l’eau dans ce tsunami de mauvaises décisions. Au final, ce sont les contribuables canadiens qui restent les bouffons de l’histoire puisque c’est eux qui paieront pour l’incompétence entourant le dossier Phénix.

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