Pas juste la faute aux festivals

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Existe-t-il un problème de parité hommes-femmes dans les festivals de musique au Québec? À en juger par les programmations qui sont sorties récemment, force est de constater que les artistes musiciennes sont sous-représentées dans la plupart des grands rendez-vous musicaux. Or, avant de blâmer uniquement les festivals, il faudrait s’attarder à toute la chaîne de production culturelle québécoise qui favorise les hommes avant les femmes.

Le débat de la parité hommes-femmes dans l’industrie de la musique est revenu dans la sphère médiatique il y a deux semaines avec le mea-culpa de Louis-Jean Cormier. Dans une entrevue à La Presse+, il s’était positionné contre une parité hommes-femmes dans les festivals de musique, affi r-mant entre autres qu’il fallait «faire passer l’art avant le sexe».On peut reprocher à Louis-Jean Cormier d’être complètement à côté de la plaque.

Selon des données recueillies par le Journal de Montréal en 2017, 30 % des artistes qui étaient aux Francofolies étaient des femmes. Du côté du Festival d’été de Québec, le pourcentage d’artistes féminins était de 22 %. Ici, à Saguenay, lors de la dernière édition de Jonquière en Musique, seulement 8 % des artistes présents étaient des femmes.Rappelons qu’à la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (SPACQ), on compte 42 % de femmes inscrites. À l’Union des artistes, ce nombre monte à 49 %. La marge entre le nombre d’artistes femmes et leur représentation dans les festi-vals québécois est donc énorme.

Au-delà d’atteindre une clien-tèle cible, un festival de musique est souvent un refl et de ce qui a été populaire dans la dernière année musicale (par exemple, ce qui a été écouté en grand nombre à la radio ou sur les sites d’écoute en ligne). Avant de porter une accusation envers les festivals, donc, il faut pousser la réfl exion et questionner notre chaîne de production culturelle.

Quels sont les choix faits par les producteurs et les maisons de disques? Qui a vendu beau-coup d’albums? Qui décide de ce qui joue à la radio? Quel traite-ment médiatique est réservé aux artistes femmes? Qu’est-ce qui explique qu’il n’y ait pratiquement aucune femme technicienne?

Voilà des questions qui devraient résonner dans la tête de la majorité des acteurs de l’in-dustrie, car la question de la non-parité en musique ne se limite pas à des noms sur une affi che.

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