Témoignage | Quand le travail devient source d’angoisse

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L’angoisse à l’idée d’aller travailler. La peur d’une collègue. L’épuisement de constamment dénoncer sans être prise au sérieux. Marie-Hélène a été victime de harcèlement psychologique au travail de la part d’une collègue. Technicienne en éducation spécialisée dans une commission scolaire de la province, elle a dû lutter pour faire respecter ses droits.

Marie-Hélène travaille avec des adolescents aux prises avec le trouble du spectre de l’autisme (TSA). Elle accompagne une professeure dans son quotidien avec ses élèves. Dès la première journée de collaboration, elle s’est fait interdire par sa collègue de laisser ses effets personnels dans la classe. Interdiction également d’entrer dans le local seule, de remettre en doute ses décisions ou de partager quelques bribes de sa vie personnelle. Au fil du temps, ses aptitudes ont aussi commencé à être remises en doute par cette collègue.

La technicienne en éducation spécialisée a subi ces abus de pouvoir pendant deux mois et demi. Malgré des dénonciations fréquentes auprès de la direction, la situation n’a pas bougé d’un iota. Pourtant, Marie-Hélène n’était pas la première qui faisait état du climat d’intimidation qui régnait dans la classe de cette enseignante. «La direction m’entendait, mais elle a fermé les yeux même si elle savait que la situation était problématique, explique-t-elle. Le problème était plutôt retourné vers moi, je me faisais dire que c’était simplement un conflit de personnalité.» Pourtant, en 10 ans de services à la commission scolaire, la technicienne dit n’avoir jamais eu maille à partir avec un collègue.

Vie personnelle chamboulée

Ce harcèlement psychologique ne s’arrêtait pas aux portes de l’école, il trottait dans la tête de Marie-Hélène en-dehors de ses heures de travail. «Ça t’obsède. Tu reviens à la maison en te demandant comment tu peux t’en sortir. C’est frustrant, tu dois constamment te justifier. Ça démolit quelqu’un», affirme-t-elle sans hésitation.

Épuisée et découragée, effrayée à la simple idée de côtoyer cette professeure, Marie-Hélène a finalement obtenu un congé de maladie de la part de son médecin pour sortir de cet environnement malsain.

Au lieu de se reposer comme son arrêt de travail le laisse supposer, Marie-Hélène a dû monter un dossier pour faire valoir son point aux yeux de la direction. Elle a aussi fait appel à son syndicat pour l’épauler dans ses démarches. Elle a finalement pu réintégrer son poste après s’être battue pour faire respecter ses droits. Les contacts avec la professeure ont été minimisés, de sorte que les deux femmes ne collaborent presque plus.

Marie-Hélène regrette toutefois que le problème n’ait pas été réglé en profondeur. «C’est une autre technicienne qui travaille désormais avec cette enseignante et elle endure à peu près la même chose que j’ai vécue. La direction espère seulement qu’elle ne se battra pas pour ses droits comme je l’ai fait», dit amèrement celle qui n’a visiblement pas pardonné à ses patrons d’avoir mis en doute son témoignage alors que plusieurs autres personnes avaient vécu la même situation avant elle.

Marie-Hélène a décidé de ne pas porter plainte contre celle qui l’a harcelée psychologiquement, car elle a été informée que l’impact d’une telle plainte serait minime, voire nul. Après de longs mois de dénonciations et de justifications, la technicienne ne voulait pas investir d’énergie supplémentaire dans ce dossier. «Si c’était à refaire, je ne sais pas si je dénoncerais ou si j’endurerais, sachant à quel point ça peut être difficile d’être entendue. Mais ce n’est pas dans ma personnalité de me laisser marcher sur les pieds, alors j’imagine que j’emprunterais le même chemin», conclut-elle.

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