Saint-Jean-Vianney : le village oublié

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Glissement de terrain Saint-Jean-Vianney

« Cette nuit-là, j’ai vu mourir mon village dans mes bras », dit Alain Blackburn qui se remémore les évènements du 4 mai 1971 avec émotion. Le glissement de terrain à Saint-Jean-Vianney, au Saguenay Lac-Saint-Jean, a causé la mort de 31 personnes et a laissé des centaines d’habitants sans logement.

Située à quelques kilomètres de Jonquière, Saint-Jean-Vianney était réputée pour ses paysages époustouflants. L’endroit était peuplé de travailleurs des usines d’Alcan ou encore de celles d’Abitibi-Price.

Le plus gros glissement de terrain de l’histoire de l’Amérique du Nord a commis bien des ravages dans la nuit  du 4 au 5 mai 1971: 42 maisons détruites, 240 familles sans logis et des pertes matérielles qui s’élèvent à 2 M$.

Depuis ce tragique évènement, 47 années se sont écoulées. Même si le temps file, les habitants qui ont vécu le glissement de terrain à Saint-Jean-Vianney sont loin de l’oublier. C’est le cas de ce citoyen, Alain Blackburn, toujours en amour avec son village natal.

Aujourd’hui âgé de 68 ans, l’homme reste marqué par cette nuit où tout a basculé. « À un certain moment, j’étais debout au bord d’un précipice. J’entendais les cris des gens et les pleurs des enfants qui étaient coincés au fond. Je voyais les maisons dégringoler et se briser comme des bâtons d’allumettes. »

Il avait 21 ans le jour où la terre s’est écroulée sous ses pieds. « Comme plusieurs autres, j’écoutais la partie de hockey qui opposait les Canadiens et les Blackhawks. Le courant a coupé en fin de soirée et j’ai vu des lumières d’une automobile qui pointaient vers le ciel. C’était l’autobus des travailleurs qui s’enfonçait dans la rue. »

Si le glissement de terrain a affecté le village de Saint-Jean-Vianney, il a aussi atteint son défunt maire, Lauréat Lavoie. Sa fille, Rolande Lavoie, se rappelle ces douloureux souvenirs. « Les gens appelaient en panique pour nous dire que les maisons tombaient et qu’il fallait rejoindre mon père au plus vite. […] Mon père a trouvé ça très difficile de voir son village s’effondrer », mentionne Mme Lavoie qui était âgée de 23 ans lors des évènements.

Aujourd’hui, le territoire de Saint-Jean-Vianney est déserté. « Les gens ont pris leur envol et ont reconstruit leur nid ailleurs », affirme Rolande Lavoie. Le vaste espace délaissé est utilisé par les amateurs de sports motorisés.  L’histoire de son territoire est par contre loin d’être oubliée.

Rolande Lavoie tient à ce que Saint-Jean-Vianney ne tombe pas dans l’oubli. La femme a d’ailleurs organisé une activité sur le territoire de son ancien village en partenariat avec des écoles primaires de la région. Des pancartes indiquant les anciennes infrastructures et un trajet étaient planifiés afin de faire renaître l’histoire de l’évènement. Ce projet commémoratif s’est vu remettre le prix Azilda Marchand, visant à féliciter l’implication sociale et historique des membres de l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (Afeas) de partout au Québec.

Une étude de 30 000$ sera également faite par la Ville dans le secteur afin d’effectuer une analyse géotechnique et géomorphologique portant sur les risques de glissement de terrain.

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