Une oeuvre métaphorique sur fond politique

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La disparition des lucioles, le nouveau long métrage de Sébastien Pilote, a plus à offrir que son sens premier. Pour le réalisateur, un film est réussi lorsque les interprétations de chaque cinéphile sont différentes les unes des autres, contrairement au cinéma hollywoodien classique.

«C’est une fable, il y a beaucoup d’allégories», explique-til. Le cinéaste voulait faire une image avec son état d’esprit dans le contexte politique actuel, où il n’y a pas vraiment d’entredeux; il se sent prisonnier entre la gauche et la droite. C’est pourquoi Pilote s’est transposé dans un personnage d’adolescent, qui n’est plus enfant, mais pas encore adulte. Dans ce vide, le cynisme devient la seule option pour affronter le monde qui entoure Léonie, la protagoniste du film, campée par Karelle Tremblay.

«J’ai tout de suite vu son intériorité, sa photogénie et sa présence à l’écran», confie Sébastien Pilote, en parlant de Karelle. Il l’a découverte dans un épisode de Jérémie, au petit écran. «C’est une actrice d’une grande intuition.» Sébastien Pilote a moins dirigé ses acteurs qu’à l’habitude pour la réalisation du long-métrage. Pierre-Luc Brillant, dans le rôle de Steve, le professeur de guitare, explique qu’il aime la liberté de jouer un personnage comme il le sent, mais une trop grande absence de commentaires n’est pas mieux. «Sébastien nous a fait confiance et il réajustait le tir au besoin», dit-il.

Pour sa part, Karelle affirme avoir été entourée de très bons acteurs, ce qui l’a beaucoup aidée à livrer sa performance. Ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre de vivre une deuxième fois sa crise d’adolescence. Karelle a dû y replonger pour son rôle. «J’ai déjà été très cynique moi aussi. Je n’ai jamais été autant désabusée que Léonie cependant.»

Le choix du titre n’a pas été laissé au hasard lui non plus. La disparition des lucioles fait référence à un texte de l’Italien Pier Paolo Pasolini, L’article des lucioles, paru en 1975. L’écrit dénonce le vide du pouvoir entre deux extrêmes politiques et l’égarement de notre société moderne dans le capitalisme.

En tournage au Saguenay l’été dernier, l’équipe a profité de quelques journées de repos pour visiter les alentours. «L’Anse-Saint-Jean est l’un des plus beaux villages du Québec, affirme Pierre-Luc Brillant. C’est magique.»

Quant à Karelle, détruire une BMW quasiment neuve avec un bâton de baseball a été son moment coup de cœur du tournage. La voiture de luxe avait été déclarée accidentée en raison de quelques bosses sur la carrosserie, après une tempête de verglas l’été d’avant.

Déjà, le film a remporté le prix du meilleur long métrage canadien au Festival international du film de Toronto (TIFF) dimanche passé. Les honneurs ne font que commencer.

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