La recette secrète de la Voie Maltée

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Il est midi et déjà les cuisiniers s’affairent en prévision du souper et des repas du dîner. Les odeurs fusent dans la petite pièce arrière de la Voie Maltée de Jonquière. Une tradition qui perdure depuis maintenant plus de 15 ans.

Antoine Emond est fier de travailler à la Voie Maltée depuis maintenant 10 ans.

La Voie Maltée n’a pas toujours été populaire comme on la connaît aujourd’hui. En 2002, lors de son ouverture, sa seule succursale se trouvait à Jonquière sur la rue Saint-Dominique. À l’époque, l’en-droit n’était encore qu’un simple bar qui se distinguait parce qu’il brassait sa propre bière. Les parents de Daniel Giguère étaient anxieux de voir leur fils évoluer dans ce domaine.

«Il a fallu que je persiste. Mes parents ne voulaient pas voir leur enfant propriétaire d’un bar. J’ai vraiment travaillé fort pour les convaincre. On retourne au début des années 2000, il y avait de l’argent au noir, des motards dans les bars, ce n’était pas propre ce domaine-là. Les bars c’est l’alcool, mais aussi la drogue et les filles.»

Au début, tout était plus petit. La Voie Maltée était un bar parmi tant d’autres de la Saint-Dominique.Daniel Giguère était prêt pour une nouvelle aventure, mais son père ne cessait de lui rappeler qu’ils étaient nés pour un petit pain, que c’était de famille, tout simplement.

«Il me disait souvent de me contenter de ce que j’avais. Il y a un petit peu de lui dans mon expansion dans un sens. Il est décédé en 2007 et dès que c’est arrivé, j’ai pesé sur le gaz.»

Le propriétaire de la Voie Maltée s’est donc retrouvé aux commandes de sa vie, sans la petite voix de son père qui l’amenait en arrière. C’est alors que la succursale de Chicoutimi a ouvert ses portes et que bière et gastronomie se sont rencontrées.

«Personne n’avait fait ça, mélanger la bière et la nourriture, et pourtant c’est un mélange évident. Ce sont deux choses devant lesquels on se rassemble. Les gens ont aimé ça.»

Le superviseur de la Voie Maltée de Jonquière, Antoine Emond, est au sein de l’équipe depuis maintenant une dizaine d’années et représente fièrement la compagnie.

«J’avais 16 ans quand je suis arrivé ici. Je passais la moppe. J’ai fait pas mal de chemin depuis ce temps-là! Ce sont eux qui m’ont appris à aimer la bière, j’ai vécu pas mal de premières fois ici. On est tout le temps ensemble, au travail et en dehors, on est comme une famille.»

Depuis ce temps, il a gravi les échelons au sein de l’entreprise. Maintenant, il ne se voit nulle part ailleurs. Il a récemment obtenu un poste de superviseur, une reconnaissance importante pour lui.

«Ce qui est plaisant ici, c’est qu’ils nous gardent. Ils veulent nous montrer qu’ils ont besoin de nous. C’est donc possible d’évoluer.»

Et la Voie Maltée aussi a évolué depuis toutes ces années. C’est d’ailleurs l’un des rares restaurants à avoir traversé le Réserve faunique des Laurentides pour s’installer dans la grande ville de Québec, un exploit qui remplit de satisfaction son propriétaire.

«Je suis fier d’avoir eu le courage de le faire, de suivre cette opportunité qui s’est offerte à moi. Le chemin inverse se fait souvent, mais des restaurants régionaux qui s’installent à Québec, je n’en ai pas vus beaucoup!»

Les bières sont cependant toujours brassées et mises en canettes à l’usine de Chicoutimi, par amour de la région, mais aussi par conviction, selon Antoine Emond.

«Ça aurait été facile de tout déplacer à Québec. On aurait pu être plus près des points de vente. Cependant, la décision n’a pas été difficile à prendre, car c’était déjà clair qu’on gardait tout ici.

C’est d’ici qu’on vient. On peut ouvrir un peu partout, mais les racines, elles, vont rester au Saguenay.»

La Voie Maltée de Jonquière a, elle aussi, réalisé un exploit ; elle a survécu à la rue Saint-Dominique, là où les commerces vont et viennent, mais ne restent que très rarement. C’est surtout grâce à l’expertise de son propriétaire, qui détient la recette gagnante en ce qui concerne le renouvellement.

«Nous sommes encore là parce que j’ai la capacité d’écouter la clientèle et ses besoins. C’est facile d’ouvrir un commerce, mais il faut aussi être à l’écoute.»

La première Voie Maltée de Québec a ouvert ses portes en 2013 et est située sur le boulevard Pierre-Bertrand. Une deuxième, située à la Place de la Cité, est comme un bébé naissant pour le propriétaire. L’objectif, pour l’instant, est donc de le cajoler le plus possible pour s’assurer qu’il puisse voler de ses propres ailes éventuellement. Les autres projets viendront assez vite pour celui qui n’a pas peur des défis.

« Il faut que j’attende encore un an pour faire quelque chose de nouveau. Les idées sont là, mais j’y vais lentement. Il faut qu’il y ait de la demande. C’est plus compliqué qu’on pense!»

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