La douleur dans un membre absent

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Depuis la première amputation chirurgicale en 1846, des gens souffrant d’un phénomène que le domaine neurologique peine à expliquer le «membre fantôme». Ce phénomène psychologique se produit lorsqu’un membre amputé est toujours ressenti par le cortex cérébral, alors que la partie du corps n’est plus là.

 

L’enseignante en biologie au Cégep de Jonquière Audrée Charest explique que la sensation de douleur suit des voies nerveuses qui montent par la moelle épinière et l’encéphale jusqu’au cortex cérébral. «Le cortex fait deux choses. Il interprète et donne conscience. Lorsque les voies nerveuses sont interrompues, l’information ne peut pas se rendre d’un bout à l’autre. Sauf que l’interprétation de l’information que le cortex en avait déjà fait est toujours présente à l’intérieur de celui-ci. Donc le souvenir du membre est présent. Ça veut dire que les sensations associées à ce membre-là peuvent être réactivées par des embranchements à d’autres voies nerveuses. Et cela pourrait être suffisant pour enclencher un stimuli de douleur.»

 

Ces douleurs peuvent être ressenties de plusieurs façons, dépendamment de la manière dont le membre a été perdu. Selon la publication Douleur et membre fantôme, écrite par l’Association des amputés de guerre en 2015, si l’amputation est due à une bactérie ou une tumeur, la sensation s’apparenterait plutôt à un picotement ou un sentiment de chaleur. Toutefois, si la cause de l’amputation est un accident ou un événement traumatisant, les sensations de douleur seront beaucoup plus vives. Cela peut être ressenti comme un écrasement du membre, comme une cassure des os fantômes ou encore comme un étirement de la partie du corps amputée. Les douleurs peuvent augmenter ou diminuer selon l’état psychologique du patient. S’il est calme et reposé, les douleurs seront moindres. S’il est anxieux ou effrayé, les douleurs seront puissantes.

 

Plusieurs traitements

 

Toujours selon Douleur et membre fantôme, une vingtaine de traitements sont à la disposition d’une personne amputée ressentant des douleurs fantômes. Outre la prise de médicaments, comme des anti-inflammatoires, anti-douleurs ou autres narcotiques puissants, les meilleures techniques sont l’utilisation de bandages ou de bas de compression, qui réduisent les sensations de membre fantôme. Le port d’une prothèse permet également de biaiser le cortex en lui donnant l’image d’un faux membre. Dans la publication, les auteurs estiment que la meilleure technique serait la thérapie du miroir. Cette technique consiste à tromper le cerveau en installant un miroir près du membre intact et la réflexion du miroir donne l’impression au cortex que les deux membres bougent ensemble. Cette technique permet de réduire considérablement les douleurs fantômes.

 

Les membres fantômes sont un processus presque inévitable pour les personnes récemment amputées. Les douleurs finissent par se résorber avec le temps.

 

Un atelier pour faire comprendre le membre fantôme.
Photo: Samuel Montigny

 

 

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