«Être à Ottawa, ça renforce notre nationalisme» – Julie Miville-Dechêne

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Mme Miville-Dechêne devant les étudiants en ATM
Mme Miville-Dechêne devant les étudiants en ATM

Photo: Titouan Bussiere

La sénatrice Julie Miville-Dechêne constate que le bilinguisme à Ottawa repose essentiellement sur les francophones. «Dès qu’on est dans une réunion où il n’y a pas de traduction simultanée, c’est nous qui passons toujours à l’anglais. Il n’y a pas de réciprocité. Il n’y a pas beaucoup de sénateurs qui ne parlent qu’en anglais et qui décident d’apprendre le français une fois nommés à Ottawa.»

En début d’après-midi, la sénatrice et ancienne journaliste a rencontré les étudiants du département d’Art et technologie des médias. «Être à Ottawa, ça renforce notre nationalisme, a-t-elle laisser tomber devant la salle pleine. On devient extrêmement conscient de notre caractère minoritaire.»

À la question d’une étudiante lui demandant s’il est difficile d’être une femme parlementaire, Mme Miville-Dechêne a répondu avoir trouvé plus difficile le fait d’être francophone. «Moi, je m’exprime bien en anglais, mais de toujours devoir être dans cette deuxième langue quand on dit des choses importantes, avec des nuances importantes, c’est lourd. (…) Lorsqu’on parle en français, on sent qu’il y en a qui ne nous écoutent pas en traduction simultanée.»

Lorsque la chambre ne siège pas, elle fait des présentations devant des étudiants un peu partout au Québec. Son but, faire connaître le rôle du Sénat aux jeunes. «Le Sénat est important, mais il doit être réformé. Plusieurs procédures ne sont pas adaptées, comme la période de questions qui ne sert presqu’à rien au Sénat, alors qu’elle est cruciale à la Chambre des Communes», affirme l’ancienne journaliste de Radio-Canada et ex-présidente du Conseil du statut de la femme.

Même si elle est nommée au Salon rouge depuis seulement un ans et demi, Mme Miville-Dechêne a déjà travaillé sur plusieurs projets de lois, dont le projet C-48 qui mettait en place un possible moratoire sur le transport de pétroliers sur la côte nord de la Colombie-Britannique. «Je me suis déplacée dans des communautés là-bas et j’accompagnais d’autres sénateurs dans une commission itinérante pour étudier le dossier. Ça m’a vraiment apporté plus d’expérience, même si ce sont des projets de lois qui ont une très faible incidence sur ma province.»

Mme Miville-Dechêne a commencé sa carrière de journaliste à 19 ans à Radio-Canada où elle a travaillé 30 ans comme journaliste. Elle est ensuite devenue ombudsman de Radio-Canada, puis présidente du Conseil du statut de la femme. «Je trouve qu’être une ancienne journaliste m’apporte un certain avantage. Ça me permet d’avoir un regard extérieur sur l’institution du Sénat, c’est peut-être aussi pour ça que je ne colle pas au titre d’honorable qu’ont les sénateurs. Je l’ai ce titre, mais je ne veux pas trop l’afficher.»

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