Lola Tremblay, héroïne depuis 50 ans

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Située au parc Rosaire-Gauthier, la «cabane à Lola» a été décorée de façon à la rendre aussi colorée que la principale intéressée. (photo: Pierrick Pichette)

Tout le monde connaît cette dame, qui a le hockey mineur de sa région tatoué sur le coeur, qui se donne corps et âme afin de permettre aux jeunes de pratiquer leur sport et qui a le sourire radieux d’une passionnée infatigable. À Chicoutimi, cette personne se nomme Lola Tremblay… et elle a 85 ans.

Cela fait maintenant quelque cinquante années que ce pilier du hockey mineur saguenéen oeuvre auprès des jeunes sportifs, rien de moins. Au cours de ces quelques décennies, elle a su révolutionner à quelques reprises la face des organisations de la région en mettant sur pied la catégorie MAGH, en gouvernant la catégorie novice et en bâtissant de toutes pièces une école de hockey.

«Au départ, j’ai commencé à m’impliquer pour accompagner mon fils dans son sport. Nous nous rendions aux patinoires extérieures où les jeunes pouvaient venir jouer s’ils le désiraient. On laçait leurs patins avec eux et on leur apprenait quelques trucs pour leur permettre de jouer», raconte celle qui n’a pas manqué de laisser sa marque dans les esprits de tous ceux qui ont été impliqués de près ou de loin au sein de l’Association de hockey mineur de Saguenay.

«Quand j’étais novice, c’était elle la gouverneure. Aujourd’hui, je suis directeur général et elle est toujours parmi nous. C’est exceptionnel comme apport», souligne le directeur général du hockey mineur, Dany Chouinard.

Lorsqu’elle entre dans un aréna de la région, c’est comme si elle entrait à la maison. Elle salue tout le monde, reçoit les sourires de tous ceux qu’elle croise, demande des nouvelles aux gens et établit ses pénates en un rien de temps dans cet environnement qu’elle qualifie elle-même de «deuxième maison».

Aujourd’hui, Lola Tremblay a fait son nid au parc Rosaire-Gauthier dans ce qu’elle appelle affectueusement «la cabane à Lola». Il s’agit d’un petit bâtiment aux couleurs de l’arc-en-ciel qui abrite tous les équipements que revêtent les jeunes hockeyeurs pendant la saison. Fidèle à son habitude, la dame a aménagé le lieu à sa façon de sorte qu’il y fasse bon vivre.

Ainsi, en pénétrant la «cabane à Lola», on ressent instantanément les efforts et l’amour qu’elle a déployés afin de rendre l’endroit chaleureux. Tout y est en ordre et classé soigneusement. Pas question de toucher l’équipement sans la permission de Lola.

Depuis le début de son implication au sein du hockey mineur, Lola Tremblay a pu accumuler un nombre impressionnant d’anciens uniformes qu’elle met à la disposition des équipes pour leurs pratiques. (photo: Pierrick Pichette)

La vraie fontaine de Jouvence

En s’exprimant, Lola Tremblay donne l’impression qu’elle a tout simplement oublié de vieillir. Malgré ses 85 ans, la responsable de l’équipement du hockey mineur de Chicoutimi s’amuse encore comme un poisson dans l’eau et aimerait conserver ce poste «tant qu’elle sera capable de le faire».

Elle admet d’ailleurs avoir trouvé la recette de la jeunesse éternelle. Son ingrédient secret? Les jeunes en soi. «Toute ma vie, j’ai travaillé avec les enfants en plus de me moderniser sans arrêt pour rester au goût du jour dans mes façons de faire. Finalement, ce sont eux qui m’ont offert cette jeunesse», confie-t-elle.

Une femme dans un monde d’hommes

Bien que cette statistique ne soit plus aussi frappante de nos jours, le monde du hockey est majoritairement composé d’hommes. Mme Tremblay a donc été confrontée à des centaines de personnes du sexe opposé à une époque où la place des femmes était beaucoup plus restreinte. Par conséquent, il serait facile de croire qu’elle ait subi de la discrimination au cours de sa longue carrière. Qu’à cela ne tienne, la responsable de l’équipement n’a rien à redire sur la façon dont elle a été traitée.

«J’aime tellement travailler avec les hommes. Je m’entends extrêmement bien avec eux et n’ai jamais eu de problèmes en exerçant mes fonctions. Je peux dire aujourd’hui que j’ai toujours été traitée avec le plus grand respect. J’avais ma place et les gens s’adaptaient à moi», s’exclame-t-elle en se remémorant quelques altercations passées qui s’étaient, pour la plupart, soldées à son avantage et dans le respect le plus total.

Bâtir une école de hockey de ses mains

Questionnée sur sa plus grande fierté, Mme Tremblay n’hésite pas une seconde. «Un jour est venu où j’avais envie de changer de responsabilités. Gouverner le niveau novice ne m’intéressait plus. C’est alors que ma collègue Marina Larouche m’a suggéré de lancer une école de hockey. Dans le temps de le dire, mon amie Ginette et moi étions deux femmes à la tête d’un camp estival apprenant les rudiments de hockey à plus de 200 enfants pendant 15 jours», ajoute-t-elle.

Chaque jour, quand Lola Tremblay termine sa journée, elle verrouille sa cabane, sourire aux lèvres, prête à revenir y prendre soin des équipements quand le devoir la rappellera. Si tout se déroule comme prévu, elle continuera de transmettre la passion du hockey encore longtemps.

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