Lac Kénogami : la bataille de Ross Tamblyn saluée

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Armé d’un crayon, de papiers et d’une calculatrice, l’ex-ingénieur Ross Tamblyn a milité bénévolement pour conserver la beauté du paysage du lac Kénogami. L’Association pour la protection du lac Kénogami (APLK) a tenu à saluer récemment le travail du septuagénaire atteint de la maladie de Parkinson.

«Il faut rendre hommage aux gens qui ont travaillé pour nous. C’est important de savoir d’où vient ce que l’on a», a déclaré l’un des membres de l’APLK, Claude Collard.

«J’avais peur de me tromper, dans la vie on peut se tromper», a confié M. Tamblyn. (Photo: Arianne Béland)

Retour au début des années 2000. Quelques années après le déluge une tension régnait autour du lac Kénogami concernant la gestion du niveau d’eau entre ses usagers et les entreprises Elkem Métal ainsi qu’Abitibi-Consolidated. Les compagnies exploitaient la rivière Chicoutimi au détriment du lac, qui agissait à titre de réservoir pour celles-ci en période d’étiage. Les villégiateurs dénonçaient le bas niveau du lac.

En 2005, la députée provinciale Françoise Gauthier cherchait un citoyen pour représenter la population à la table de discussion pour renouveler les baux de ces compagnies. Son attaché politique lui a dit: «Je connais un ingénieur qui a du caractère!» C’est ainsi que Ross Tamblyn, alors dans l’APLK, est entré en jeu. «En s’immisçant dans le processus, on avait une occasion unique de changer les choses», s’est remémoré M. Collard.

Le gouvernement tentait de trouver une entente entre les citoyens et les compagnies. Ces dernières disaient qu’abaisser le débit d’eau correspondait à perdre des dizaines de millions de dollars de profits. «On donnait des chiffres, mais personne ne les validait. J’ai trouvé une façon de calculer et de montrer qu’ils étaient faux. Je suis arrivé à près de 200 000 $ de pertes (par année pour les deux compagnies), a souligné M. Tamblyn. Ça m’impressionne encore aujourd’hui, je ne sais pas comment j’ai fait.» L’ex-ingénieur a obtenu cette solution grâce à des tableaux de statistiques fournis par le ministère de l’Environnement des six années précédentes. Ils contenaient les apports, les niveaux du lac et les débits. Le tout sans ordinateur: «Je suis un peu malade des calculs», a-t-il lancé en riant.

Au début, M. Tamblyn ne se sentait pas le bienvenu aux tables de négociations. «J’ai dirigé des compagnies de 1000 employés et je n’ai jamais été stressé comme ça, se souvient-il. J’ai décidé de faire les négociations respectueusement, confidentiellement et toujours poliment.» Il a réussi à gagner la confiance de ses pairs, dont celle du maire de l’époque, Jean Tremblay, qui a été d’une grande coopération. «Si nous n’avions pas eu Jean Tremblay, nous n’aurions pas d’eau dans le lac. Je le mentionne parce que certaines étapes des négociations n’étaient pas publiques et il a fait appel à ses contacts. Il était très puissant et respecté à ce moment.»

Presque 15 années se sont écoulées depuis les négociations et M. Tamblyn garde toujours un souvenir frais des évènements, tout en restant humble. Lettres, feuilles de calculs, articles de journaux et rapports sont conservés précieusement dans son porte-documents. «Ces négociations viennent du coeur. On voulait que tout le monde gagne. Je ne voulais pas la guerre, juste de l’eau dans le lac», a fait savoir M.Tamblyn.

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