Vente à paliers multiples : une pratique contagieuse en temps de pandémie

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Depuis le début de la crise sanitaire, plusieurs ont joint les rangs du marketing à paliers multiples. L’idée d’amasser de l’argent facilement et rapidement et de faire partie d’une équipe soudée en a attiré plus d’un à se lancer dans la vente de produits par l’entremise des réseaux sociaux.

Selon la professeure adjointe en marketing et directrice du laboratoire sur les nouvelles formes de consommation à l’Université du Québec à Chicoutimi, Myriam Ertz, ce ne sont pas moins que des milliers de jeunes adultes qui se sont embarqués dans ce type de vente qui a pris énormément d’ampleur durant le confinement.

« Ce qui rend ces entreprises intéressantes à leurs yeux c’est la possibilité de faire de l’argent facilement en communiquant avec leur entourage, l’aspect numérique avec lequel ils sont plus habiles et le fait que d’autres jeunes qui sont comme eux le font aussi », affirme-t-elle.

Avant le confinement du printemps, Leanne Berthelette occupait un emploi dans une boutique de vêtements. Quand la jeune femme a vu ses heures de travail diminuer, elle a été recrutée comme conseillère indépendante en mai par l’entreprise de marketing à paliers multiples de santé et bien-être, Arbonne. Elle espérait en tirer un revenu supplémentaire, mais elle n’a finalement amassé aucun sou en plus d’avoir déboursé pour les produits.

« Je me suis fait mettre dans un groupe Facebook où plusieurs représentants échangeaient des conseils pour faire la promotion des produits. C’était très encourageant et si j’avais des inquiétudes, je pouvais communiquer avec eux. Tout le monde était là pour moi. Je trouvais que c’était comme une belle petite famille et que les produits étaient intéressants, donc je me suis dit “pourquoi pas, on verra ce que ça va donner ” », explique-t-elle.

Selon la professeure adjointe en marketing à l’UQAC, Myriam Ertz, pour la plupart des représentants d’entreprises de marketing à paliers multiples, ce travail n’est qu’un hobby. (Photo : Alice Proulx)

Un travail aux apparences simples

Ce n’est qu’à peine quelques semaines plus tard que Leanne Berthelette a découvert que ce type de vente axé sur le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux n’était pas fait pour elle. Elle y a donc mis fin au mois d’août. « C’est beaucoup plus difficile que ce que l’on pense. Ils montent la barre vraiment haute et t’expliquent comment aller toujours plus loin. Ça prend beaucoup de motivation et de confiance en soi pour réussir. Je ne me sentais pas à l’aise d’aller solliciter des gens de mon entourage et de faire autant de publications sur les réseaux sociaux. Je n’ai recruté aucune personne dans mon équipe », confie-t-elle.

« C’est rare que ça fonctionne, il n’y a pas autant de gens qui réussissent dans ce domaine que ce que l’on pourrait penser. »

– Leanne Berthelette.

Basé sur la confiance, le réseau de ces entreprises se crée lui-même grâce aux représentants qui se chargent, d’une part, de faire la promotion des produits sur différentes plateformes et de l’autre, de rechercher constamment de nouvelles recrues à travers leur réseau social. « Les gens vont acheter beaucoup plus facilement lorsque c’est quelqu’un qu’ils connaissent », soutient Myriam Ertz.

Selon elle, ces représentants vont toutefois peu à peu être remplacés par les influenceurs. « Il y a un gros marché qui se développe sur les médias sociaux et qui pourrait possiblement prendre le dessus, parce que la différence c’est que contrairement à vous et moi, ces personnalités connues n’épuiseront jamais leur réseau social ».

L’intérêt derrière la vente en réseau

Le marketing à paliers multiples est une stratégie de vente qui dispose de plusieurs avantages, dont la suppression des frais en recrutement, en rétention et en publicité. La formation des nouvelles recrues se fait également de manière beaucoup plus informelle auprès du recruteur.

Depuis moins d’un mois, Floriane Brophy est partenaire de marché pour Monat, une entreprise de produits pour les cheveux et la peau.  « Celle qui m’a recrutée m’a expliqué quel produit conseiller en fonction des différents types de cheveux. C’est elle qui me guide et qui répond à mes questions. Tous les mois, la compagnie propose aussi des formations auxquelles je peux m’inscrire », partage-t-elle.

Même si la COVID-19 a compliqué le processus de vente de ce type d’entreprises qui se produit généralement à domicile ou en réunion, Floriane Brophy ne perçoit pas cet obstacle comme un frein. « Il y a beaucoup de filles qui continuent quand même à vendre leurs produits et à se bâtir une équipe en se tournant vers d’autres options comme des réunions virtuelles », mentionne-t-elle.

La professeure adjointe en marketing, Myriam Ertz, croit que ces adaptations virtuelles demeurent toutefois sous-optimales par rapport à la vente en présentiel. « Ce n’est pas l’idéal pour le client parce qu’il a besoin de toucher les produits et d’interagir avec le représentant. Ces derniers doivent vraiment redoubler d’efforts pour réussir à vendre leurs produits », termine-t-elle.

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