La Sape ou l’art de l’élégance

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Seriez-vous prêt à vous priver de nourriture pour acheter des vêtements signés des plus grands couturiers ? L’élégance pour vous n’a pas de limite ? Alors peut-être êtes-vous influencé par la Société des ambianceurs et des personnes élégantes qui est davantage connue sous l’acronyme SAPE. Il s’agit d’un mouvement culturel et de société né dans les années 1960 à Brazaville en République du Congo.  

 La SAPE a souvent été comparée à la mode du dandysme venant de l’Angleterre. Au 18e siècle, un dandy était un homme qui se voulait être élégant et raffiné.  

 On peut reconnaître un sapeur par son code vestimentaire sophistiqué et haut en couleur, ainsi qu’à son comportement. Il porte des vêtements et accessoires de grandes marques et de luxe dans le but d’être le plus visible possible. « Être un sapeur, c’est attirer l’attention des gens, j’aime paraître, quand j’arrive dans une soirée, je n’aime pas rester dans l’anonymat », souligne le sapologue qui vit à Québec, Kevin Kayilou 

Kevin Kayilou a été nommé le roi de la Sape à Québec, lors de  La nuit de la SAPE tenue en 2019. (Photo : courtoisie)

Être un sapeur nécessite parfois de sacrifier une partie de sa vie pour acheter les costumes les plus élégants. « Il y a des sapeurs qui vont acheter des vêtements à la place de manger, ou même qu’ils vont préférer investir dans les costumes, que d’avoir un lit pour dormir », explique un jeune Congolais résident à Québec qui a côtoyé plusieurs sapeurs, Selestin Smith.   

 « Je commande mes costumes à Hong-kong, en France et ça peut me coûter entre 300 $ et 600 $.  On est au Canada et on n’a pas cette chance d’avoir des magasins comme en France », explique Kevin Kayilou 

La nuit de la SAPE 

En 2019, une compétition de la SAPE a été organisée à Québec et pour l’occasion, Norbat de Paris, l’un des plus grands sapeurs reconnus par la communauté de la SAPE, a animé la soirée.   

Kevin Kayilou a été sacré grand gagnant de l’évènement, « Cette soirée-là, j’ai apporté la plus longue pipe dans l’histoire de la SAPE. Elle mesurait pratiquement deux pieds et Norbat de Paris n’avait jamais vu ça auparavant et il était impressionné », raconte fièrement Kevin Kayilou 

Kevin Kayilou photographié avec la plus longue pipe dans l’histoire de la SAPE. Elle mesure pratiquement deux pieds.  (photo : courtoisie)

Celui qui est originaire de Brazzaville au Congo s’achète en moyenne 50 costumes par année. « Ce qui fait ma force ici, c’est que moi, je mets un costume qu’une seule fois », raconte-t-il. Le père de Kevin a toujours aimé s’habiller. « Quand tu nais Congolais tu nais sapeur, mon père aimait s’habiller et j’ai hérité ça de lui », affirme le roi de la sapologie à Québec.  

L’écrivain congolais Alain Mabanckou résume bien la sapolgie dans un livre consacré au travail d’Hector Mediavilla, réalisateur de cinéma. « Si d’aucuns perçoivent la SAPE comme un simple mouvement de jeunes Congolais qui s’habillent avec un luxe ostentatoire, il n’en reste pas moins qu’elle va au-delà d’une extravagance gratuite. Elle est, d’après les sapeurs, une esthétique corporelle, une autre manière de concevoir le monde et, dans une certaine mesure, une revendication sociale d’une jeunesse en quête de repères. Le corps devient alors l’expression d’un art de vivre ».  

 

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