Pokémon : après 25 ans, l’amour est toujours aussi présent

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Il y a un quart de siècle naissait la franchise la plus rentable de l’histoire, devant Star Wars et Harry Potter : Pokémon. Avec près de 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2021 selon Statista, 23 milliards de cartes vendues, et ses nombreux collectionneurs, la franchise de Nintendo, codétenue par Game Freaks et Creatures, est l’une des plus appréciées dans le monde. Et pour cause ! Les Pokémon continuent toujours de séduire les petits et les grands.

Selon les informations du journal Ouest-France, les Pokémon seraient nés d’une passion d’enfance de Satoshi Tajiri : les insectes.
Photo : Solveig Beaupuy

Créés en 1996 par Satoshi Tajiri, les Pokémon (de la contraction de Pocket Monster) sont d’abord apparus dans les jeux vidéo. Avec son célèbre slogan « Attrapez-les tous » et plus de 800 Pokémon à découvrir, la franchise a su bâtir un empire tentaculaire avec de nombreux produits dérivés comme les jeux vidéo, les séries télévisées, les films ou encore les cartes à collectionner, etc. D’ailleurs, c’est en 1998, devant le succès des deux premiers jeux sur GameBoy, Pokémon Rouge et Pokémon Bleu, que Satoshi Tajiri a décidé de créer les premiers produits dérivés de cette franchise : les cartes Pokémon à jouer et à collectionner.

Avec ces petits monstres fictifs à glisser dans les poches et à échanger, le jeu a vite su charmer les plus jeunes. Mais sous les airs enfantins de ses drôles de bêtes se cache en réalité un jeu de stratégie pas si infantile que ça.

Une passion qui dure

Danaë Simard a 20 ans et étudie en Art et technologie des médias, option radio, au Cégep de Jonquière. Depuis sa première année de primaire, elle collectionne les cartes Pokémon, et c’est toute une affaire de famille. « C’était un trip avec mon père, se souvient Danaë Simard, on allait à la ligue tous les dimanches et j’ai eu ma première boîte à Noël, avec des cartes en français en plus !

Il y a plus de 800 Pokémon à collectionner répartis en 8 générations différentes. Pour la finissante en radio au Cégep de Jonquière, Danaë Simard, cela fait beaucoup trop et l’on s’y perd : « Je ne suis pas d’accord avec les nouvelles cartes. Il y a des cartes récentes qui sont même interdites dans certains tournois ».
Photo : Solveig Beaupuy

À son arrivée à Jonquière, elle a dû mettre sa passion un peu de côté car elle n’avait personne avec qui jouer. « Quand j’habitais Montréal, je faisais des tournois. C’est comme un tournoi sportif, avec un arbre de tournoi pour savoir contre qui on joue, explique la jeune étudiante. Selon elle, Pokémon est souvent vu comme un jeu d’enfant, mais c’est également un jeu d’adulte avec une stratégie complexe à laquelle il faut réfléchir. « Ça nous apprend les affinités de type et à avoir son propre style de jeu, illustre Danaë Simard. Par exemple, moi j’aime bien jouer avec des Pokémon type feuille ou feu, alors que mon père préfère les types eau et combat, et ma mère les types feuille et psy. »

Tout comme elle, Simon Desbiens, étudiant en psychologie et en sociologie à l’Université de Montréal a attrapé la folie Pokémon vers l’âge de 6 ans. Mais contrairement à elle, il a découvert les monstres de poche sur l’écran de la Gameboy. La passion pour les cartes à collectionner est venue ultérieurement. « Un jour, mes parents ont fait un grand ménage, et ont vendu mes cartes dans une vente de garage, se rappelle Simon Desbiens, sur le coup, je me suis dit que j’étais assez grand et que je n’en avais plus besoin. Mais j’aurais aimé les avoir encore, confie-t-il, dans une certaine mesure, je ne m’en serais pas séparé. »

Un trésor d’enfance fructueux

À l’instar des cartes de collection de sport qui peuvent valoir des millions, les cartes Pokémon réservent aussi leur lot de surprises. Dans le top 3 des cartes les plus chères, celle qui arrive en première position est la carte de Charizard 1ere édition sans ombre (ou Dracaufeu en français). Elle a été achetée au prix de 369 000 dollars. Ensuite vient la carte de Blastoise (Tortank) démonstration magnétique, vendue à 360 000 dollars, suivie de la carte de Pikachu Illustrator, qui s’est vendue à 250 000 dollars, selon les informations du site web français Dextero.

Un investissement qui peut paraître étonnant pour des cartes basées sur un univers fictif, alors que la valeur des cartes à l’effigie des sportifs dépend du succès et de la réputation du joueur.

Voici les trois cartes Pokémon les plus chères vendues à ce jour. Plus les cartes sont bien gradées, avec une note élevée, plus leur valeur est haute.

Photo : Dextero.fr

Des critères à respecter

Pour atteindre ces sommes astronomiques, il faut avant tout faire grader ses cartes. Il y a néanmoins certains critères à remplir, outre la rareté de la carte, et cela concerne l’aspect de la carte. Le fondateur et gérant de PCA grade, le premier service de certification en France, François-Xavier Colombani, explique qu’il y a deux critères à prendre en compte pour grader une carte et ainsi augmenter sa valeur : « Il faut prendre en compte les défauts d’origine et ensuite les défauts de manipulation. »

Les défauts d’origine correspondent à des malfaçons au niveau des angles, du taillage des bordures ou des rayures droites. Les défauts de manipulation, quant à eux, se démarquent davantage par des pliures, des dépôts de matière sur la carte, des chocs, ou encore de la décoloration à cause du soleil. « Lors de la notation, on prend bien-sûr en compte le fait que c’est un défaut d’origine ou un défaut de manipulation, et ensuite on donne une valeur qualitative à la carte avec ça », souligne François-Xavier Colombani.

Comme il existe des groupes Facebook pour partager, échanger et apprendre à différencier les vraies cartes de sport des fausses, il existe ce même genre de groupe pour les cartes Pokémon, même s’ils attirent moins de monde.
Photo : Solveig Beaupuy

En ce qui concerne les cartes de sports, les organismes de certification attribuent quatre notes par rapport au centrage, à la surface, aux angles et aux bords. Si François-Xavier Colombani admet que le système de notation est plus simple pour les cartes Pokémon, il explique aussi que son entreprise applique la triple notation. « L’ensemble du processus pour noter une carte dure environ une vingtaine de minutes, précise-t-il, mais les cartes sont notées deux fois de façon indépendante, et si les notes diffèrent, elles retournent en notation. »

« Si un jour j’ai une carte qui vaut plus qu’un loyer, j’irai la vendre, plaisante Danaë Simard, mais je suis attachée à ces cartes. On jouait en famille et puis quand on est enfant, c’est un peu comme un animal de compagnie. »

Pokémon a fait vibrer toute une génération grâce à ces petits monstres attachants. Mais son succès repose sur sa capacité d’adaptation et d’innovation.

Un univers interconnecté

La force de la franchise Pokémon, c’est la connexion entre ses divers produits dérivés. Pokémon Go, pour ne citer que cette application, avait souvent fait les manchettes à sa sortie sur nos écrans en 2016. « Mon père est très fan de Pokémon Go, a raconté Danaë Simard, moi je préfère l’application TCG en ligne ! »  La plateforme TCG permet de jouer à Pokémon en ligne, avec n’importe quel autre utilisateur. À l’aide d’un QR code, il est possible de retrouver sur l’application les Pokémon achetés en carte. « Ça encourage à acheter des cartes, et c’est très complémentaire », indique l’étudiante.

Le directeur des jeux chez Creatures, Nagashima-San, a déclaré en entrevue au Figaro : « Les nouveaux Pokémons sont créés et insérés par Game Freak dans les jeux vidéo. Ensuite, nous avons une réunion avec eux où ils nous les présentent un à un. Après quoi c’est à nous de réfléchir aux caractéristiques de la carte : comment elle va mieux représenter ledit Pokémon dans les règles. »
Photo : Solveig Beaupuy

Avec ces avancées vers la technologie, le risque est qu’un support disparaisse au profit d’un autre. Mais la jeune finissante en radio pense que ce sont deux choses différentes. « Ce sont deux mondes différents et deux manières différentes de comprendre Pokémon. Les jeux vidéo, les films, les jeux sur téléphone… C’est autant de compréhensions différentes du monde Pokémon, avec des publics différents », conclut-elle.

La franchise Pokémon doit l’étendue de son empire à la vente de produits dérivés et à l’adaptation de nouveaux jeux en accord avec l’ère du temps, comme Pokémon Go, l’application mobile sortie en 2016. En 2021, malgré la pandémie, l’application a atteint près d’un milliard de recettes, selon le site web du journal 24h.
Graphique : Solveig Beaupuy, selon les données du site Web Fan Actu

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