Obtenir un emploi, pas toujours simple !

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Est-il si facile pour un étudiant de se trouver un emploi en ces temps de pénurie de main-d’œuvre ? La Pige a mené son enquête dans 20 commerces de Jonquière.

Il ne suffit pas d’aller porter un CV pour trouver un travail. Deux étudiants, dont un journaliste de La Pige, se sont fait embaucher ou recontacter neuf fois sur 40 visites, soit 22,5 % du temps. Un résultat bien différent de ce à quoi on peut s’attendre en cette période de pénurie de main-d’œuvre. 

Pourtant, ce ne sont pas les emplois qui manquent au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Selon les dernières données recueillies par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale en septembre dernier, plus de 4566 postes sont vacants dans la région.  

Les deux étudiants ont approché les gérants des commerces avec les mêmes balises et les mêmes disponibilités : ils pouvaient travailler tous les vendredis soirs, samedis et dimanches. Un horaire assez raisonnable pour un étudiant à temps plein. Restaurants, épiceries, magasins de grande surface ont été visités, autant des petites entreprises locales que des multinationales.  

Deux commerçants visités, Resto Roberto et A&W, étaient en grand manque de personnel et ont embauché sur-le-champ notre journaliste. Le IGA à Jonquière, la Rôtisserie St-Hubert et le Rodi ont rappelé notre journaliste, qui a toutefois décliné un possible emploi. Quant au deuxième étudiant impliqué, Koffi Emmanuel Hounakey, il a été embauché immédiatement au Resto Roberto et s’est fait rappeler la journée même par la Boucherie St-Hilaire et le lendemain par le Potvin&Bouchard et le A&W. 

Selon les observations effectuées par La Pige, une dizaine d’entreprises avaient une équipe de jeunes complète et ne recherchaient pas d’employés pour les quarts de travail de la fin de semaine. Cependant, la plupart des commerces placardaient ou mentionnaient leur besoin criant de se trouver des employés de jour et à temps plein la semaine.  

Pointés du doigt  

Les jeunes ont souvent été pointés du doigt, au fil des derniers mois, comme étant «peu travaillants». On les accusait de profiter de la Prestation canadienne d’urgence étudiante (PCUE) pour ne pas travailler.  

Selon le président et chef du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn, les jeunes participent bien à l’économie.  « Je ne pense pas que les jeunes travaillent moins, au contraire, les jeunes ont la possibilité de jouer un rôle important pour aider à minimiser les conséquences de la pénurie de main-d’œuvre. Les jeunes ne travaillent pas moins, mais les emplois et la forme sont différents », souligne M. Blackburn. 

Bastien Bélanger, le propriétaire d’Arachides Dépôt à Jonquière, un commerce que La Pige a visité, souligne avoir beaucoup de difficultés à trouver des employés prêts à travailler le jour.  

« Il y a tellement de demandes pour les employés que lorsqu’on en trouve un, on commence à le former et youp (sic) il est parti », affirme M. Bélanger. 

C’est une situation que Karl Blackburn a aussi remarquée.   

« C’est certain que si les besoins des employeurs sont de jour dans la semaine et que les disponibilités des étudiants sont les soirs et la fin de semaine, il y a un enjeu, car les besoins ne correspondent pas nécessairement aux offres. C’est normal que ça prenne un peu plus de temps pour les étudiants avant de se faire appeler », confirme-t-il. 

Les statistiques démontrent qu’au Saguenay-Lac-Saint-Jean, ce sont 23 900 personnes qui travaillent à temps partiel contre 94 000 à temps plein. Ceci inclut tous les genred’emplois.  

En collaboration avec Marc-Antoine Le Moignan 

La Pige a obtenu l’aide de Koffi Emmanuel Hounakey, un étudiant qui est arrivé au Québec en provenance du Togo en septembre dernier. Koffi Emmanuel est lui aussi allé porter 20 curriculum vitae, se faisant offrir un emploi dans quatre commerces différents. L’étudiant, qui a obtenu une bourse d’excellence en informatique de la part du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, se cherchait réellement un travail.  

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