Armes à feu | Le nouveau registre connaît des ratés
Le nouveau système informatique du registre des armes à feu connaît des ratés depuis son entrée en vigueur le 29 janvier dernier. Le propriétaire de la boutique Pronature à Chicoutimi, Éric Lapointe, s’interroge si le gouvernement du Québec était prêt à répondre aux besoins des propriétaires en offrant un service en ligne rapide et efficace.
Depuis la semaine dernière, Québec veut que toutes les armes sans restriction (carabines et fusils de chasse) en circulation soient immatriculées sur le Web. Dans le cas d’une nouvelle acquisition, l’enregistrement et l’immatriculation doivent se faire dès l’achat.
Ceux qui ont acheté une arme à partir du 29 janvier doivent le faire la journée même sur le Service d’immatriculation des armes à feu du Québec (SIAF), sous peine d’amendes allant de 500$ à 5000$. Les propriétaires actuels d’armes à feu disposent quant à eux d’un an pour enregistrer leur arme sans frais sur le nouveau registre.
Lapointe a d’ailleurs tenté la semaine dernière de s’enregistrer comme particulier sur le site du SIAF, sans succès. Son numéro personnel de carte de possession et d’acquisition n’a pas été reconnu par le système.
S’il considère le registre comme un «levier politique», M. Lapointe n’est pas pour autant contre son application en tant que commerçant. «Au quotidien, ce registre ne change rien pour mon commerce, explique-t-il. J’ai 14 employés à gérer … je ne peux pas faire mon rebelle en ne le respectant pas.»
Un commerce comme Pronature, qui vend des armes de chasse, se doit de tenir un registre papier en collaboration avec la Sûreté du Québec où les informations d’enregistrement de tous les clients sont inscrites. Bientôt, les commerces devront se soumettre également à un registre électronique.
Une préparation défaillante?
Éric Lapointe reproche au ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, d’avoir manqué de préparation. «J’aurais préféré qu’il y ait moins d’improvisation de la part du ministère.»
Il se demande également si le Québec avait besoin d’un tel registre. «Toutes les autres provinces se sont retirées d’un registre provincial des armes à feu. Pourquoi avons-nous pris cette décision? J’aurais préféré que l’argent investi dans ce registre soit plutôt investi dans l’éducation des armes à feu.»
Du côté de l’Association de chasse et pêche de Chicoutimi, l’organisation s’abstient de toute prise de position publique concernant l’application de ce nouveau registre.
«En tant que corporation, on n’a pas à prendre position. On préfère que nos membres se fassent leur propre opinion», s’est défendu le président de l’association, Claude Gaudreault.
Il affirme que plusieurs de ses membres attendent la prochaine élection provinciale afin de s’enregistrer sur le site du SIAF. «Peut-être que le parti qui va prendre le pouvoir en octobre 2018 va abolir le registre. On verra.»