Crise chez les infirmières | Des étudiantes mises à rude épreuve

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Les conditions de travail des infirmières et infirmiers ne sont pas seulement difficiles dans leur milieu de travail. Les années d’études mettent aussi à rude épreuve les étudiants, plusieurs ne finissent même jamais leur technique. 

«C’est juste trop! Les heures d’école, les heures de stages, les heures d’études et tout ça en même temps que de travailler ! Il ne reste pas beaucoup de temps pour avoir suffisamment de sommeil. C’est épuisant», témoigne une ancienne étudiante en soins infirmiers, Alexanne Giguère.

Cette dernière a dû abandonner à la deuxième année, en raison d’une dépression. «Ma psychologue m’a dit que c’était commun de voir des filles de soins dans son bureau.»

Pendant la technique, les étudiants doivent effectuer des stages chaque année. «En première année, on a une journée par semaine. En deuxième, deux jours, et en troisième, trois jours par semaine sont consacrés aux stages», explique la finissante en soins infirmiers du Collège d’Alma, Émilie Boily-Lavoie. C’est une des choses qui augmente la charge de travail des étudiantes, car plusieurs ont un emploi étudiant en même temps. «C’est certain que la vie sociale prend un coup.»

«Une majorité des étudiants ne sont pas capables de finir la technique en trois ans. Plusieurs la font en quatre ans», concède Mme Boily-Lavoie.

Effectivement pour le Collège d’Alma, le taux de diplomation en trois ans pour la cohorte de 2013 est de 45 %. Pour calculer le véritable taux de diplomation, le Collège d’Alma laisse deux ans de plus aux élèves afin qu’ils complètent leur technique. Le taux monte alors d’environ 25 % pour atteindre 70 %.

Par contre, chaque année, plusieurs élèves abandonnent la technique. En moyenne, environ 25 % des étudiantes laissent tomber avant le début de la troisième session à Alma. Les raisons sont nombreuses selon le conseiller en communication du Collège d’Alma, Frédéric Tremblay. Les conditions de travail peuvent en faire partie, mais il arrive que les étudiants changent de programme parce que ce n’était tout simplement pas fait pour eux.

Les conditions de travail ne sont pas vraiment discutées en cours, mais les élèves n’en sont pas ignorants pour autant. «Ce n’est pas nouveau. Je savais que ce sont des horaires atypiques et que ce n’est pas un emploi facile. Mais c’est la passion envers la profession qui nous donne la force de continuer malgré les obstacles», raconte Émilie Boily-Lavoie.

Études universitaires

Pour ce qui est de réussir à concilier travail et études, l’étudiante en deuxième année au baccalauréat Marie-Ève Desbiens croit qu’il est plus facile de concilier le tout durant la technique. «Je travaille comme infirmière à l’hôpital environ trois jours par semaine. Ce qui est difficile, c’est de réussir à faire concorder l’école et le travail, car les deux milieux ne se parlent plus comme ils le faisaient pendant la technique», explique l’infirmière.

Marie-Ève Desbiens et Émilie Boily-Lavoie demeurent toutefois optimistes face à l’avenir. Le système est au fond du baril, il ne reste plus qu’à remonter, estiment les deux jeunes infirmières.

Mais elles ne partagent pas toutes le même avis. Angélica Trottier est diplômée de sa technique depuis décembre 2017 et elle travaille depuis déjà quelques années dans le domaine en tant que préposée aux bénéficiaires, car elle n’a toujours pas fait l’examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

«Si le corps ne suit plus, peu importe à quel point je suis passionnée, rien ne va fonctionner. Je travaille depuis trois ans déjà à l’hôpital. Ce n’est pas normal de revenir de travailler et d’être tellement épuisée que je m’endorme en plein mouvement. C’est dangereux! J’ai terminé ma technique il y quelques mois et je songe déjà à me réorienter», déplore la jeune femme.

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