Urgence climatique: voir pour croire

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De nombreux pays sont déjà largement touchés par les changements climatiques. Photo: NASA, Maria-José Viñas.

 

Trois sièges. C’est ce qu’ont réussi à obtenir les verts d’Elizabeth May. Trois maigres sièges, dont celui de la cheffe. Curieusement, les trois circonscriptions qui ont élu des verts sont toutes plus touchées que le reste du Canada par les effets de l’urgence climatique. Est-ce que le fait qu’il fasse froid quand on sort signifie que les scientifiques nous mentent, comme plusieurs le pensent ? Avoir un bandeau sur les yeux et dire qu’on ne croit que ce que l’on voit ne fonctionnera pas avec le climat.

On a beau avoir froid l’hiver et avoir chaud l’été, ça ne veut pas dire qu’il faut continuer d’exploiter la Terre jusqu’à ses dernières ressources. Un jour viendra où le Parti vert dira «on vous l’avait dit». Espérons juste qu’il ne sera pas trop tard.

Les changements climatiques sont pourtant bien réels. Les verts sont l’opposition officielle au provincial, sur l’Île-du-Prince-Édouard, et Charlottetown était une cible du Parti vert du Canada. La circonscription est toutefois restée aux mains des libéraux, mais la candidate du Parti vert est arrivée en deuxième position. Fredericton a élu Jenica Atwin, une verte, lors de la dernière élection fédérale. La capitale du Nouveau-Brunswick est située le long du fleuve SaintJean. Même chose pour les deux autres circonscriptions vertes, en Colombie-Britannique, Nanaimo-Ladysmith et Saanich-Îles Gulf, qui sont en bordure du détroit de Géorgie, un bras du Pacifique.

La catastrophe climatique est à leur porte, l’eau bordant les circonscriptions vertes menace de monter, mais le reste du Canada ne s’en rend pas compte.

Les votes conservateurs se sont faits principalement dans l’Ouest, là où une importante part de l’économie se base sur l’exploitation d’énergies fossiles et l’agriculture, parfois au mépris de l’environnement. Cependant, leurs provinces sont, jusqu’à maintenant, moins touchées par les changements climatiques que d’autres. Et là où l’urgence se fait sentir, les verts sont élus.

Un problème du Parti vert est son étiquette écologique. Les électeurs votent peu pour le PVC, car ils voient uniquement des environnementalistes qui feront tout pour sauver les bébés phoques, en laissant couler le Canada et son économie. Est-ce vrai, nous ne le saurons pas, car là est la faiblesse de ce parti, qui ne rejoint que les gens concernés, et laisse dans le doute une grande majorité de l’électorat. Peu de gens savent que, oui le Parti vert est environnementaliste, mais il a aussi de vrais plans sociaux, économiques, de défense, etc. Il est évident qu’Elizabeth May n’en parle pas assez. On dirait qu’elle-même reste trop collée sur ses ambitions écologiques.

Ce qui peut paraître étonnant, d’autre part, c’est que les trois circonscriptions qui ont un député vert ont un conservateur en deuxième position. Cela signifie que même dans les endroits menacés, certains doutent encore de la véracité de l’urgence climatique et veulent élire un parti qui relègue l’environnement en arrière-plan, et qui remet même parfois en cause l’utilité de se battre pour la planète.

Quand les gens arrêteront-ils de se bander les yeux avec leur gros bandeau bleu conservateur, et verront que l’urgence climatique est réelle ?

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