L’envers de la pornographie

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De nos jours, la pornographie est de plus en plus accessible et connue du grand public. Mais est-ce que la population connait vraiment la porno? Même si cette industrie est maintenant une des plus puissantes au monde, elle regorge d’aspects qui sont méconnus de la plupart des gens.

Comment est-ce qu’un homme peut se retrouver dans l’industrie de la porno ?« La meilleure façon de se faire considérer par un producteur, c’est d’amener une fille avec qui tu vas faire ta première scène », souligne l’acteur, caméraman et réalisateur pour la chaîne de production pornographique AD4X, Mathieu Paré. Ensuite, rares sont les hommes qui réussissent à entrer dans l’industrie de la pornographie au Québec, ce qui est le contraire pour les femmes. « S’il y a un ou deux acteurs qui font le travail, ça peut être eux pendant 20 ans pourvu qu’il y ait un roulement chez les filles », ajoute-t-il.

crédit: Onlyfans

Contrairement à ce que plusieurs croient, ce n’est pas la grosseur du sexe masculin qui donne une notoriété pour devenir acteur. « Le plus important, c’est d’être capable de rester dur très longtemps. Si t’arrives au tournage et que tu n’as pas besoin de drogue pour que ton pénis soit dur, que tu fais de bonnes expressions faciales et que tu éjacules quand c’est le temps, he bien tu es fait pour ça », explique Mathieu Paré.

 

Selon lui, la plupart des acteurs hommes s’injectent des drogues qui permettent à leur pénis de rester dur plus longtemps. « En s’injectant de la drogue, ça fait en sorte qu’ils peuvent rester en érection pendant des heures même s’ils ne sont pas excités. Ça leur permet donc de réaliser des tournages pour des scènes pornographiques avec des gars sans être gay », souligne-t-il.

Dans la pornographie réalisée au Québec, les hommes sont payés davantage lorsqu’il est question de tourner des scènes de catégorie « gay ». « Pour une scène avec une femme, l’acteur est payé 250 $, mais lorsque c’est le temps de faire une scène gay ça paye environ 2000 $ », met en évidence l’homme à tout faire chez AD4X.

Le récent scandale entourant Pornhub en lien avec de la distribution de pornographie juvénile et de relations non consenties n’était que la pointe de l’iceberg. Ce contenu illégal se retrouve partout dont sur Onlyfans et Twitter.

Onlyfans n’accepte pas les créateurs de contenu d’âge mineur. Il demande le nom complet, date de naissance, adresse et demande un permis de conduire ou une photo de passeport pour accepter l’arrivée d’un nouveau créateur. Par conséquent, la sécurité du site s’arrête là. Les créateurs de contenu peuvent fournir des renseignements d’une personne majeure et associer leur compte de banque personnel à celui-ci. Dans un documentaire fait par la chaîne BBC, Nudes4sale, ils ont découvert que beaucoup d’utilisateurs d’âge mineur ne se cachent pas de l’être, un fétichisme sexuel qui semble être apprécié par plusieurs. Les jeunes filles et garçons font la promotion de leur page exclusive sur Twitter, en faisant des hashtags teen et barelylegal, accompagnés de photos et/ou vidéos pornographiques.

D’ailleurs beaucoup de pornographie juvénile se retrouve sur Instagram et Twitter, des vidéos et des photos en sous-vêtements sont disponibles partout sur ces réseaux. « Si les photos sont dans le but d’attirer l’œil, d’exciter ça devient de la pornographie, donc, en occurrence, de la pornographie juvénile », a expliqué la finissante en sexologie à l’UQAM, Elizabeth-Ann Mailloux. Alors que les jeunes se mettent à nu de plus en plus, et à un très jeune âge, ils ne sont pas conscients des conséquences que leurs agissements peuvent avoir. « S’ils affichent du contenu illégal, ils peuvent être accusés de distribution de pornographie juvénile », a-t-elle renchéri.

Bien qu’il soit très difficile de quantifier le nombre de mineurs qui ont une page Onlyfans, l’enquête faite par la chaîne BBC révèle que sur 7728 profils analysés, 2500 seraient opérés par des gens de moins de 18 ans. D’ailleurs, en 2020, Twitter a été poursuivi en justice pour avoir accepté la circulation d’une vidéo d’un mineur qui se faisait violer à l’âge de 13 ans. Twitter a refusé de retirer la vidéo après que la victime ait demandé son retrait.

Selon un sondage réalisé auprès de 5400 jeunes Canadiens par l’organisation à but non lucratif MediaSmarts, la majorité des enfants de la quatrième année à la onzième année (secondaire 5), possèdent leur propre téléphone cellulaire .

Pour de nombreux parents comme la Saguenéenne qui est mère de six enfants, Sandra Gagnon, il est inquiétant de savoir qu’aujourd’hui, la pornographie est plus accessible que jamais. « Les sites ne sont presque pas sécurisés et en tant que parent, c’est impossible de surveiller toutes les actions de nos enfants », ajoute-elle.

Selon l’acteur chez AD4X, la sécurité sur les sites pornos est totalement hypocrite. « Le plus de sécurité qu’il peut y avoir est la question : avez-vous 18 ans et plus? N’importe qui peut cliquer « oui » et accéder au site »,  exprime-t-il. Sur PornHub, on retrouve même des scènes mettant en vedette des personnages de jeux vidéo populaires chez les mineurs. D’ailleurs, en 2018, Fortnite a été dans les catégories les plus recherchées du site.

D’après une étude publiée en 2018 par l’Université de Calgary, un jeune (10 à 18 ans) sur cinq a déjà visionné du contenu pornographique en ligne. Pour la professeure au Boston College en sciences de la santé, Emily Rothman, dans les vidéos pornographiques, l’image de la femme est souvent erronée. Aussi, selon elle, il est important de faire comprendre aux jeunes que ce qu’ils voient ne reflète pas des relations sexuelles saines et consensuelles.

En ce qui concerne la mère de famille Sandra Gagnon, elle considère que le système d’éducation doit faire plus d’efforts. « À l’école, ils n’ont pas assez d’éducation à ce niveau. Comme parent, on fait de notre mieux pour les éduquer, mais on ne peut pas tout faire », conclut-elle.

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