Les professeurs de chant se font rares
Devant l’impossibilité ou la grande difficulté d’exercer leur activité en temps de pandémie, nombreux sont les professeurs de chant à avoir lâché l’enseignement, laissant un vide non comblé dans l’offre saguenéenne.
Même après la pause forcée imposée par les confinements, les professeurs de chant n’ont pas forcément repris leur activité. En cause : la difficulté d’appliquer les protocoles sanitaires, particulièrement pour le chant à domicile. « On s’entend, quand on chante on postillonne », s’amuse Claude Boutin, ancien professeur.
Mais les raisons de cet abandon sont aussi moins prosaïques. Les professeurs au chômage se sont parfois découvert de nouveaux intérêts ou une routine plus souple. Difficile alors de revenir à une profession souvent instable et dans laquelle il ne faut pas compter ses heures. « Aujourd’hui je travaille dans l’évènementiel à temps plein. Même si je m’ennuie du contact et de l’enseignement, j’y ai trouvé une certaine qualité de vie. C’est plus stable », développe Claude Boutin.
Cette raréfaction ne concerne pas seulement les professeurs à domicile. Dans les écoles de musique, le problème est le même. Surtout qu’il y a une forte demande de la part des aspirants virtuoses. « Avec le confinement, certains se sont mis ou remis au chant, c’est valable même pour d’autres instruments », explique la directrice de l’Atelier de musique de Jonquière, Julie Mercier. « Aujourd’hui, ils se tournent vers des professionnels pour consolider leurs bases ou se perfectionner. »
Des professeurs improvisés
L’équilibre est donc loin d’être là et de nombreux élèves ne trouvent pas d’enseignant pour les accompagner dans leur pratique. Pour Claude Boutin, cette situation est à double tranchant. « Pour des élèves aguerris, prendre une pause de cours peut être très bénéfique. Sans le professeur, on n’a pas le choix d’explorer, on se découvre », explique-t-il. Mais pour des débutants notamment, ce peut être dangereux : « Beaucoup de personnes s’improvisent professeur de chant, sans qualification particulière », regrette Cynthia Harvey, qui, si elle n’a pas totalement mis l’enseignement de côté, a diminué ses heures.
Mais si la situation ne permet pas de satisfaire tout le monde, elle n’a rien d’inquiétant dans un domaine qui connaît souvent des hauts et des bas. « Les shows télévisés comme La Voix ou Star Académie donnent beaucoup envie à certains moments clés », explique Julie Mercier. Claude Boutin est aussi confiant : « Les écoles de musique sont remplies, beaucoup de jeunes très qualifiés pourront prendre la relève. »