La fin du ciel étoilé

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Même si tout le Saguenay est touché par la pollution lumineuse, la solution n’est pas de tout éteindre. 

Bdv : A Jonquière les parcs et rues sont suréclairés la nuit

A Jonquière les parcs et rues sont suréclairés la nuit (Photo Amandine Rossato)

Telle est l’analyse du professeur de physique et créateur d’un club d’astrophotographie à Jonquière, Gaël Briant.  

La région est marquée par un débat aux Serres Toundra de Saint-Félicien où la pollution est augmentée de 150 % à huit kilomètres du site depuis leur construction. 

Selon le professeur de physique, la solution n’est pourtant pas d’éteindre toutes les lumières mais de changer la couleur de l’éclairage. 

« Le Québec est une zone avec le plus de pollution lumineuse par habitants [au monde] , avertit Gaël Briant. Et ses effets ne sont pas juste psychologiques.» 

Selon le coordonnateur scientifique de la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, Rémi Bouchard, « de nombreuses études ont été menées dans le temps. La pollution lumineuse provoque des dépressions, de l’obésité, des problèmes cardiaques, ou des cancers hormonaux comme celui du sein et de la prostate. » 

Le tout est dû à des perturbations du cycle circadien.  

« C’est ce qui définit le cycle jour/ nuit de quelqu’un. La lumière bleue réveille le cerveau qui produit moins de mélatonine, aussi surnomméehormone du sommeil” », vulgarise M. Bouchard. 

Cependant, le coordonnateur scientifique se montre critique. 

« Les études ont été essentiellement faites sur des souris. Elles ont montré la création de tumeurs. Mais elles sont plus dures à réaliser pour l’homme. Il faut réussir à montrer le lien, et on ne peut pas donner le cancer à des personnes juste pour une étude. »  

 

Changement d’éclairage 

La pollution lumineuse vient des sources de lumière bleue. « Avec le temps, on a remplacé les lumières incandescentes par des LED. La lumière qu’elles produisent est bien plus nocive pour le corps », détaille Gaël Briant.  

Et si aujourd’hui les LED existent en différentes couleurs, dont des couleurs plus chaleureuses, elles restent loin de « la glorification qu’on a fait il y a quelques années. Oui, elles consomment moins d’énergie. Mais elles ont un plus gros impact car on éclaire plus car ça coute moins. Et la lumière produite pollue plus aussi », critique Rémi Bouchard.  

Ces lumières sont présentes partout au quotidien, en ville, à la campagne, et même chez soi.  

« Au point où 60 % de la lumière produite la nuit éclaire juste le ciel. En tout, la perte seule représente 6 % de tous les GES produits », chiffre le professeur de physique de Jonquière. 

Pour lui, tout passe par la sensibilisation. « Pas besoin d’éteindre les lumières. Il ne faut pas moins éclairer, mais mieux éclairer. Ça passe par éclairer moins souvent, moins fort et avec des lumières moins blanches et vers le sol. On en parle peu car c’est juste de la lumière, mais la pollution lumineuse est nocive », mentionne M. Briant. 

Quatre principes de l’éclairage sont listés par la Réserve internationale de ciel étoilé québécoise.  

« Il y a l’orientation de la lumière, qui doit être faite vers le sol et non le ciel ou l’horizon, puis la couleur, dans des tons plus jaunes que bleus, l’intensité, pas besoin de suréclairer des parkings et la période, pour éteindre tous les endroits qui ne sont pas utilisés comme les sentiers ou les magasins fermés », avance Rémi Bouchard. 

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Photo Amandine Rossato