La musique traditionnelle n’en est pas à sa dernière note

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Robert Gendron perfectionne son art depuis près de 90 ans maintenant. (Photo : Nicolas St-Pierre)

Un violon, c’est tout ce dont Robert Gendron a besoin pour avoir le sourire. Depuis ses neuf ans, il perfectionne son art en plus de contribuer à le faire perdurer. Aujourd’hui âgé de 96 ans, Robert écrit toujours ses propres arrangements en plus de continuer à pratiquer des airs traditionnels bien connus.

« J’avais volé le violon à mon père et au lieu de me chicaner, il m’a demandé si j’avais envie d’apprendre à jouer. J’ai commencé et depuis ce temps-là, je n’ai jamais arrêté », explique le nonagénaire.

C’est dans le salon de sa sœur Yolande que la magie opère. Entouré de plusieurs bons vivants tels que sa fille Nicole ainsi que la présidente de Fjord Trad, Mélissa Tremblay, Robert peut enfin partager ses compositions, mais rien ne l’empêche de taper du pied en jouant des pièces d’autrefois.

« Je n’arrête jamais de créer des nouvelles pièces », s’exclame-t-il, alors que sa fille raconte les anecdotes derrière certaines chansons. « Celle-là, je l’ai écrite quand on a perdu le courant. J’ai pris mon violon et j’ai commencé à composer et c’est ce que ça a donné. Quand le courant est revenu et bien j’en ai écrit une autre », ajoute le violoniste tout sourire.

De son côté, Yolande Gendron est d’avis que de jouer de la musique traditionnelle est une richesse et un plaisir de la vie qui mérite toujours aujourd’hui d’être transmis aux générations futures. Celle qui fait également partie de l’organisme Fjord Trad qui vise à mettre la musique traditionnelle de l’avant insiste sur le fait que « si les jeunes n’entendent jamais ce genre de musique-là, ils ne l’aimeront jamais ».

Tout comme son frère Robert, Yolande a commencé à jouer de la musique à ses 9 ans. (Photo : Nicolas St-Pierre)

Que ce soit dans un salon, au Bar à piton ou dans une salle au Parc de la Rivière-du-Moulin l’ambiance est donc au rendez-vous lorsque chacun s’arme de son instrument. Les jeunes et moins jeunes peuvent alors se laisser transporter de l’Écosse au Québec, à travers des airs qui ont su traverser les époques.

« C’est un peu ça le but de Fjord Trad. Même si on a tous beaucoup de plaisir, ça permet de faire perdurer cette tradition-là. Ça permet une connexion entre les êtres humains qu’on ne peut pas retrouver n’importe où », souligne Mélissa Tremblay.

Chacun son rythme

Il y a également une très grande ouverture d’esprit autour de cette pratique, permettant ainsi au début de s’y joindre et de taper du pied au même rythme que tout le monde.

« Tout le monde a le droit de taper du pied et tout le monde a le droit de pousser la note. On a souvent l’impression que quand tu prends un instrument c’est parce que tu sais déjà en jouer et que tu es à un certain niveau, mais avec la musique traditionnelle tout le monde peut apprendre et jouer à son rythme », mentionne la présidente de Fjord Trad.

Mélissa Tremblay, présidente de Fjord Trad. (Photo : Nicolas St-Pierre)

La notion de partage est également au chœur de l’organisme, puisque la musique traditionnelle demeure une tradition orale. Comme personne n’a appris les pièces de la même manière, chacun peut se permettre d’y ajouter sa petite touche personnelle, ce qui la rend unique à chaque fois.

« Ce qui est beau avec la musique traditionnelle, c’est que c’est comme une langue. Ce sont des mélodies apprises à l’oreille qui sont vivantes et qui vont continuer d’évoluer », ajoute-t-elle en comparant cette tradition au jeu du téléphone.

Pas aussi facile pour les contes et légendes

Pour la médiatrice du patrimoine vivant, Nadyne Bédard, les contes auront toujours leur place dans l’histoire, malgré le fait que peu de jeunes ne semblent s’intéresser à ceux-ci.

« Il faut faire confiance aux histoires. Elles ont su traverser le temps donc ça devrait se poursuivre », mentionne celle qui a pour tâche d’identifier, de documenter, et d’assurer la transmission de la culture des contes et chansons.

Selon Nadyne Bédard la transmission orale des contes est de plus en plus difficile. (Photo : Nicolas St-Pierre)

Elle explique toutefois qu’il y a moins de jeunes intéressés aux contes traditionnels. Nadyne souligne qu’il est d’ailleurs important d’ouvrir les bras aux nouvelles générations qui souhaiteraient devenir conteur puisque l’actualisation des contes ne suffira pas.

« Les jeunes seraient sans doute plus attirés à venir écouter des contes si c’étaient des jeunes qui les contaient. Pour l’instant, on voit beaucoup plus de têtes blanches comme moi lors des soirées », conclut-elle en riant.

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