Faute de piste, les amateurs de course prennent les rues

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L’absence de piste de course automobile au Saguenay oblige maintenant les amateurs à parcourir plus d’une centaine de kilomètres pour pratiquer leur passion en toute légalité. Une tendance qui pousse certains réfractaires à utiliser les artères publiques.

Titulaire d’un permis de conduire depuis plus de deux ans, Albert Gauthier est un maniaque de sports automobiles depuis son plus jeune âge. Dès qu’il a atteint l’âge légal, le jeune pilote a eu la possibilité de s’exercer sur plusieurs pistes du Québec que ce soit sur deux ou quatre roues. Toutefois, plus d’une heure de route sépare l’Almatois d’origine de son site d’entraînement, une réalité qu’il qualifie de malheureuse.

« S’il y avait davantage de pistes de course à proximité des grands centres de notre région, cela permettrait aux passionnés de vivre de leur passion et de ne pas être obligés de le faire illégalement », a martelé l’étudiant en ingénierie mécanique.

Le jeune pilote, Albert Gauthier aux côtés de sa Corolla gts 1990.
Photo : Jasmin Maltais

Faute d’endroit

Depuis la fermeture de l’autodrome Saguenay à Chicoutimi en 2006, les pistes de courses automobiles sont une denrée rare en région. La seule et unique chaussée toujours praticable est celle de l’autodrome situé sur le boulevard du Jardin à Saint-Félicien. Pour un jeune coureur de La Baie qui préfère demeurer sous le couvert de l’anonymat, il est impensable de faire autant de route pour s’amuser l’histoire d’un soir.

«Mais moi si je veux pousser un peu mon char, je n’irai pas me promener à St-Fé quand je travaille le lendemain. […] C’est bien plus facile d’aller sur Talbot », ajoute le jeune adulte.

Un modèle prospère

À l’ouest du Lac-Saint-Jean les amateurs eux en ont pour leur argent. Construit depuis 1975, l’Autodrome Saint-Félicien accueille chaque année plusieurs événements qui permettent aux amateurs de conduite automobile de s’exécuter en toute quiétude. Pour les administrateurs du Club de lapping de Saint-Félicien, un regroupement amical qui met de côté le chronomètre et le classement, l’engouement est progressif.

«Nous assurons une certaine pérennité des événements pour que les gens qui mettent beaucoup de temps et d’argent dans leur véhicule aient la possibilité de les tester dans un environnement sécuritaire  voué à cette utilisation», fait valoir le gestionnaire de l’association, Mathieu Bergeron.

Un problème provincial

Comme bien d’autres villes au Québec, Saguenay a vu son seul site voué au sport automobile fermer ses portes au début du millénaire. Des fermetures de plus en plus fréquentes à la grandeur de la province. Développement domiciliaire, pollution sonore et plusieurs autres raisons sont bonnes pour mettre la clef à ses institutions souvent historiques. Par contre, un problème s’impose selon le co-administrateur du club de lapping de Saint-Félicien, Joël Tremblay.

« Le développement des automobiles électriques s’en vient et ce sont des véhicules beaucoup plus puissants qui n’émettront plus aucun son. […] Alors si on passe une génération nous allons nous retrouver avec plein de pistes de courses fermées ce qui aura assurément une répercussion sur le nombre d’infractions. Parce que des amateurs de vitesse, il y en aura toujours », dit-il.

Motus et bouche cousue

Questionné sur le lien entre le nombre d’infractions répertoriées sur le réseau routier saguenéen et la présence d’une piste de course à proximité, le relationniste aux affaires publiques du Service de police de Saguenay, Luc Tardif préfère ne pas s’avancer. Du côté municipal, plusieurs groupes comme drag Saguenay manifestent toujours leur intérêt pour la création d’un autodrome, mais aucune réaction ni annonce n’ont encore été faites par les élus de Saguenay en ce sens.

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