La brassière : ce vêtement qui dérange, mais qu’on louange

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Trois femmes portant des brassières.

« Les ventes ne sont pas en baisse. » Les mots de la directrice marketing et communications de La Vie en Rose, Sophie Rozon, sont clairs. Les femmes portent encore et toujours des brassières, mais quel est donc ce mouvement de libération que l’on observe depuis quelques années?

Dentelle, confort, couleurs, support, coquetterie, oui. Mais aussi, cerceaux qui entrent dans la peau, bretelles trop serrées, bonnet qui ne conviennent pas. « Est-ce qu’il y a quelqu’un qui les essaye avant de les mettre sur le marché, ces brassières-là? » Voilà la question de Cynthia Hamel, une enseignante ne pouvant se passer de sa brassière.

Aujourd’hui, les détaillants de soutiens-gorge ont un nouvel objectif; convenir à tout le monde. Selon Pierrette Lafond, ethnologue spécialisée et documentaliste dans la soixantaine, le port de la brassière était autrefois non-discutable. Il fallait en porter une, que l’on soit confortable, que l’on se sente belle, que l’on en ait envie, ou pas.

En outre, il fallait les cacher. Les sous-vêtements comme tels ne devaient jamais être vus, ce qui pouvait rendre l’accessibilité compliquée. « À une certaine époque, c’était presque gênant d’aller acheter des soutiens-gorge », relate Pierrette.

Cynthia, plus jeune d’une trentaine d’années, partage le même souvenir. Elle se remémore les petites boîtes dans lesquelles les brassières étaient cachées, de manière à ne pas être exposées à tous. Elle se souvient également la manière brutale selon laquelle la vendeuse entrait dans sa cabine, ruban à mesurer à la main. « Je trouve qu’il y avait plus de micro-agressions », confie la jeune femme.

 

Mur de brassières

La directrice marketing et communications de La Vie en Rose, Sophie Rozon, affirme que les ventes de brassières ne sont pas en baisse.

Le confort avant tout

Sophie Rozon note que le confort est la priorité numéro un des clientes. « Maintenant, on offre un assortiment très large de soutiens-gorge, par exemple sans armatures. On le voit, c’est vraiment l’époque des soutiens-gorge sans armatures. »

« L’autre jour, j’en ai essayé une, elle avait une plaque de métal sur les bords, mais pourquoi? », s’interroge Cynthia Hamel, 36 ans.

« Je changerais l’inconfort de tous ces espèces de cerceaux qui nous rentrent dans les côtés et qui nous oppressent la poitrine », dévoile Nathalie Filion, 50 ans.

« Surtout, aucun cerceau de métal qui fait le contour du sein par en dessous, c’est une torture », implore Pierrette Lafond, 67 ans.

L’inconfort n’est pas dans le port de la brassière. « En tant que femme, je ne m’en serais jamais sortie sans brassière », révèle tout de même Nathalie. Il est plutôt dans son processus de fabrication et c’est à ce moment que les brassières sans armatures entrent en jeu.

Ne pas porter de brassière d’hier à aujourd’hui

La société des années 70 ne permettait pas la libération des seins, mais ça importait peu à Pierrette. Jamais au grand jamais elle ne portait de brassière, au grand dam de sa mère, qui tentait par tous les moyens de la convaincre d’en mettre une.

« C’était assez marginal, je dirais, avec le recul. »

Pierrette porte désormais des brassières tous les jours, mais son intention a changé. Il ne s’agit plus de la porter par pudeur, mais plutôt pour le support. « Moi, avoir des tous petits seins comme j’avais à 20 ans, je n’en porterais pas », affirme la dame.

Aujourd’hui, sa petite-fille de 21 ans, Elisabeth Kelly, mène le même combat. Ce combat, ce n’est pas celui de forcer tout le monde à arrêter de porter un soutien-gorge, mais plutôt celui de laisser le choix. « Ce n’est pas nécessairement f*ck les brassières, c’est plus f*ck le fait de s’imposer des choses », explique Elisabeth.

Selon Sophie Rozon, ce n’est pas un mouvement, ni une révolution, mais plutôt un éclatement. « Chaque individu, chaque femme, chaque consommatrice ou chaque personne ayant des seins peut décider de porter ou non un soutien-gorge et je pense que c’est ça qui nous démontre que socialement, on est rendus avec des choix. »

Néanmoins, Elisabeth considère que le combat est encore loin d’être mené à terme. « Encore aujourd’hui, si je vais à une entrevue, si je vais coacher, si je vais à l’école, il faut que je mette une brassière alors que je n’ai pas envie, parce que si je ne l’ai pas la job, je vais me demander si c’est parce que je ne portais pas de brassière. On avance, ça c’est sûr, mais il y a encore tellement de travail à faire. »

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