Prison à vie pour Marc-André Grenon
Au centre, la mère de Guylaine Potvin, Jeannine Caouette et à sa droite, son père, Romuald Potvin, avant d’entrer dans la salle d’audience. (Photo : Jean Rémond).
Après un peu plus de 30 minutes de délibération, le jury a reconnu Marc-André Grenon coupable de deux chefs d’accusation dans le meurtre de Guylaine Potvin. Après avoir froidement qualifié le criminel de « dépravé moral », le juge François Huot l’a condamné à la prison à perpétuité.
Le verdict est tombé, 24 ans plus tard. Marc-André Grenon est reconnu coupable du meurtre au premier degré et de l’agression sexuelle grave de Guylaine Potvin. La jeune femme de 19 ans avait été assassinée dans son appartement, à Jonquière, le 28 avril 2000. Ses deux colocataires étaient absentes, l’homme est entré par effraction.
Prison à perpétuité
La sentence est tombée mardi après-midi, aux alentours de 17h15. Marc-André Grenon écope d’une peine de prison à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. L’homme de 49 ans écope aussi d’une peine concurrente de 10 ans pour agression sexuelle grave. La famille de la victime, présente lors du verdict, a attendu 24 ans avant ce soulagement. À l’annonce de la décision du jury, pleures et soupirs se sont fait entendre dans le public.
Après-coup, le juge de la Cour supérieure François Huot s’est adressé à Marc-André Grenon. « Avez-vous quelque chose à dire aux parents de Guylaine Potvin ? », a-t-il demandé. Impassible, l’homme a laissé tomber un simple « non », avant que le juge ne reprenne son propos d’un ton glaçant.
« Pitoyable exemple de courage »
« Vous êtes un lâche, vous êtes un peureux, vous êtes un pleutre. Vous me comprenez ? », a insisté le juge, face à une salle silencieuse. « Vous avez passé 22 ans de liberté injustifiée, c’est 8202 jours entre la commission de votre crime et votre arrestation par la Sûreté du Québec, a-t-il poursuivi. Quel pitoyable exemple de courage. Comment avez-vous fait pour vivre avec vous-même, Grenon, pendant les 22 dernières années de votre vie ? Comment osez-vous encore aujourd’hui soutenir le regard d’autrui ? »
Le meurtrier a tenté de prendre la parole, rapidement coupé par François Huot. « Je remercie Dieu d’avoir prêté la vie suffisamment longtemps au père et à la mère de Guylaine pour qu’ils assistent à la peine que je m’apprête à vous infliger », a soufflé la juge, avant d’appliquer la sentence.
« Grand soulagement »
À la sortie de la salle d’audience, la famille de Guylaine Potvin a pris la parole. « C’est avec un grand soulagement et beaucoup d’émotion que nous accueillons ce verdict de culpabilité. Après tant d’années à nager dans le néant et la souffrance, nous tournons aujourd’hui la dernière page », a conté avec émotion Jeanine Caouette, la mère de la victime.
La famille en a aussi profité pour annoncer la création du Fonds Guylaine Potvin. « Les dons amassés vont faire en sorte qu’on pourra remettre un montant chaque année à des organismes en lien avec le domaine d’études de Guylaine», a expliqué sa sœur, Chantale Potvin. La jeune femme étudiait en éducation spécialisée et avait un voyage humanitaire de prévu.
Le processus d’arrestation
Il y a deux décennies déjà, lors de cette journée d’avril, une ceinture et une boîte de préservatifs contenant des taches de sang avaient été retrouvées sur les lieux du crime. De l’ADN masculin avait aussi été prélevé sur le corps de la victime, mais aucun profil n’avait pu être déterminé.
Tout change en 2022, lorsque l’enquête est intégrée au projet PatronYme, une base de données contenant des milliers de profils génétiques provenant de sites généalogiques. Après analyse, l’ADN de la famille Grenon a été identifié et Marc-André a été arrêté le 12 octobre 2022 sur son lieu de travail.
À noter que Marc-André Grenon est aussi accusé d’avoir agressé sexuellement et laissé pour morte une jeune femme à Québec, deux mois après le meurtre de Guylaine Potvin.