Musique électronique : se tailler une place en région
La grande majorité des événements de musique se déroulent en plein air, ce qui représente un défi supplémentaire dans la région. (Photo : Facebook Charley Fabre)
La musique électronique gagne en notoriété dans les grands centres de la province de Québec. Avec cette récente montée en popularité, le genre musical tente également de se frayer un chemin dans la sphère culturelle du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
La musique électronique connaît de bons moments au Québec. La métropole de Montréal accueille notamment chaque année plusieurs dizaines de milliers de festivaliers à l’occasion d’ÎleSoniq, un festival consacré au style de musique moderne. La plus récente édition a été très populaire, avec 65 000 personnes qui se sont déplacées pour le rendez-vous « électro ». Seule l’édition de 2019 a vendu plus de billets.
Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, un tel événement est loin d’être réaliste. « Il y a un gros manque au Saguenay. Les gens ici ne sont pas encore très ouverts. Ils sont encore plutôt attirés par les styles traditionnels et folkloriques », explique le DJ et producteur de musique techno de Chicoutimi, Charley Fabre. L’éloignement de la région n’aide pas non plus à rassembler un grand nombre d’adeptes.
Public cible : les jeunes
Le propriétaire de M.A. Production, une boîte de production d’événements de musique électronique, Marc-Antoine Tremblay, remarque que l’espoir de faire éclore l’électro en région est entre les mains des jeunes. « Le créneau de gens qui s’intéressent vraiment au style de musique est entre 17 et 30 ans. » Et il y en a. Le Saguenay-Lac-Saint-Jean comporte de nombreuses infrastructures scolaires et accueille plusieurs étudiants internationaux. « Beaucoup d’étudiants me demandent où ils pourraient retrouver de la musique électronique. Donc, lorsqu’ils viennent à nos événements, ils disent que ça fait beaucoup de bien d’entendre ce style de musique », raconte Charley Fabre.
Un signe encourageant, puisque l’engouement qu’ils démontrent se fait ressentir lors de ses événements. « Lorsqu’on a commencé, il y avait environ 100 personnes et au fil des années, c’est monté à 500 et plus », continue-t-il.
Charley Fabre et son collègue Sébastien Larose forment le collectif Larose & Fabre, qui performe un peu partout dans la région. (Photo : Courtoisie)
Les événements musicaux organisés par le DJ de Chicoutimi sont généralement gratuits, pour rendre le tout le plus accessible possible. Le public étudiant n’a pas nécessairement les moyens de débourser de grosses sommes pour assister à de telles sorties. « Sinon, pour la musique électronique, tu dois aller à Québec ou à Montréal et conduire jusqu’à là-bas, l’achat des billets et tout ça revient très cher. C’est un voyage de plus de 1 000 dollars », estime-t-il.
Un coup de main des municipalités
Le Festival international des rythmes du monde, les Grands crus musicaux et Jonquière en musique sont d’importants festivals de la région. Cependant, la réalisation de tels festivals nécessite le support des municipalités. « Sur le plan administratif, ça n’a pas beaucoup changé depuis plusieurs années, alors on trouve ça laborieux parfois la manière dont les événements sont reçus et annoncés », déclare Charley Fabre.
Marc-Antoine Tremblay évoque également que les résidents des différentes municipalités sont parfois réticents aux événements de musique électronique. « C’est difficile avec les villes. Les résidents, à 23h, sont fatigués et veulent aller dormir. » Le membre du collectif de DJs et organisateur d’évènement Evenma Saguenay James Gagnon explique qu’il a plutôt bâti un organisme à but non-lucratif (OBNL), « ce qui facilite les relations entre l’organisation et la Ville ».
Evenma Saguenay organise depuis deux ans le Pique-nique de musique électronique au parc Rosemaire-Gauthier de Chicoutimi, inspiré du Piknic Électronik de Montréal. Encore cet été, tous les dimanches, à partir du 9 juillet, l’événement aura lieu sous le nom e.ven.mã, pour un total de neufs soirées.