À la croisée des chemins : Transformations contemporaines des pratiques religieuses

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Les communautés religieuses se transforment au Québec. La pratique religieuse évolue et change à mesure que de nombreux croyants remettent en question les dogmes traditionnels et adoptent de nouvelles perspectives religieuses. 

Etienne Cazassus

Église Saint-Dominique à Jonquière, construite par les premiers colons de Jonquière en 1912. (Photo Etienne Cazassus / La Pige)

Depuis plus d’une décennie, on constate une baisse croissante des pratiques religieuses dans les communautés traditionnelles. Les jours de messes sont peu à peu désertés, les églises délaissées et les paroisses rencontrent des difficultés à rassembler suffisamment de personnes pour assurer la continuité de la vie religieuse au sein des diocèses. Ici au Saguenay–Lac-Saint-Jean, la moyenne d’âge des communautés chrétiennes est d’environ 70 ans et plus. 

Pour autant ce n’est pas la fin des communautés religieuses, mais plutôt une métamorphose des pratiques qui se dessinent, comme nous le suggère Frédérick Plourde, membre de l’Équipe de la pastorale d’ensemble du Diocèse de Chicoutimi. « C’est une façon de vivre sa foi qui est en train de se transformer », déclare-t-il.  

De nos jours la population n’est pas moins croyante, en 2019, 68 % des Canadiens de 15 ans et plus, ont déclaré avoir une affiliation religieuse, selon Statistique Canada. Les jeunes sont toutefois de moins en moins en accord avec les pratiques religieuses traditionnelles. « On est lucide, on sait que le modèle des communautés traditionnelles est en train de disparaitre, car les plus jeunes n’adhèrent plus à ce modèle-là »,  affirme Frédérick Plourde. 

Elisabeth Chabot étudiante et chrétienne déclare que notre foi peut être pratiquée en dehors des dogmes religieux traditionnels. « On a réalisé que c’était peut-être mieux d’exercer notre foi de la manière dont Dieu le voulait; si dans nos actions de tous les jours on agit de manières respectueuse, chrétienne, que l’on aide son prochain, pour moi on a la bonne relation avec Dieu que l’on soit dans une église ou non ». 

Une des tendances majeures qui émerge est celle de la spiritualité individualisée. De plus en plus de personnes cherchent une connexion spirituelle, au-delà des structures et des dogmes religieux traditionnels. « J’étais pratiquante toute ma vie, j’allais à l’église tous les dimanches, maintenant je veux juste pratiquer ma foi avec plus de liberté », affirme Elisabeth Chabot. 

Autrefois la religion était établie dans la culture. Les gens allaient à la messe parce que les parents et grands-parents y allaient, maintenant la foi est différente, les jeunes n’ont plus cette foi culturelle, c’est eux même qui se crée leur foi.  

« Les générations d’aujourd’hui ont entendu parler de la religion par leurs parents, mais ils veulent se faire leur propre opinion » déclare Linda-Pierre Belanger, responsable de la pastorale pour adultes (15 ans et plus) pour l’ensemble de l’Unité pastorale Chicoutimi-Laterrière.  

C’est une transition « un passage obligatoire », comme le souligne Frédérique Plourde, que subit l’Église catholique, qui va devoir s’adapter à cette nouvelle réalité religieuse. 

Panneau indiquant l’horaire des messes à la paroisse Saint-Dominique de Jonquière. (Photo Léo Hudon/ La Pige)

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