L’eau du Saguenay-Lac-Saint-Jean abreuve Rio Tinto

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Selon le ministère de l’Environnement du Québec, Rio Tinto a puisé 72,5 milliards de litres d’eau en 2022 dans les cours d’eau du Québec, ce qui lui aurait coûté environ 2,6 millions de dollars en redevances. Crédit photo : Félix-Antoine Bétil

Rio Tinto est l’entreprise qui puise le plus d’eau au Québec. En raison de ses nombreux barrages hydroélectriques, la multinationale possède actuellement 30 kilomètres du lit de la rivière Saguenay et intervient sur près de 62% des rives du Lac Saint-Jean.

Félix-Antoine Bétil

En temps normal, l’eau est une ressource commune au Québec selon la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau. La directrice générale de l’organisme Eau Secours, Rébecca Pétrin, affirme que « ce que ça veut dire concrètement, c’est que l’eau n’appartient à personne ».

Pour puiser une grande quantité d’eau des lacs, des rivières ou encore des sols, les entreprises doivent généralement payer une redevance de 35$ par million de litres d’eau. D’après Rébecca Pétrin, ce tarif est dérisoire par rapport à ce que les industries font comme profit ou ce que ça leur en coûte en investissements pour réduire leur consommation au niveau, entre autres, des papetières et des alumineries, ce que le Saguenay a beaucoup. Or, « la seule chose qu’on calcule, c’est ce qui rentre et ce qui sort pour les plus gros préleveurs, [puis] l’eau turbinée dans les barrages, ça ne fait pas partie des secteurs qui sont visés par des redevances », rapporte-t-elle. Rio Tinto a donc les pleins pouvoirs sur l’eau de ses barrages hydroélectriques du Saguenay-Lac-Saint-Jean. La ressource, notamment sur une partie de la rivière Saguenay, peut donc être considérée comme étant « privée », ce qui est très rare au Québec.

Lorsque les entreprises québécoises puisent moins de 75 000 litres d’eau par jour, elles n’ont pas l’obligation de le déclarer au gouvernement du Québec. Ce seuil passera à 50 000 en 2026. Crédit photo : Félix-Antoine Bétil

Rio Tinto a dû payer deux amendes de 10 000$ chacune au gouvernement du Québec pour avoir déversé du fluorure dans la rivière du Moulin à Chicoutimi et dans la rivière Petite-Décharge près d’Alma en 2022. Crédit photo : Félix-Antoine Bétil

En ce qui concerne les poissons de la rivière Saguenay, la biologiste au musée du Fjord, Myriam Coulombe, explique qu’ils sont réglementés. « Pour ce qui est des fonds marins, les espèces qui évoluent à l’intérieur de cette eau-là sont sous juridiction fédérale et dans la couche de surface, ça se trouve à être le ministère de l’Environnement, de la faune et des parcs du Québec. C’est légiféré, mais […] chez les alumineries, on en voit des accidents, ils payent l’amende, ils font des correctifs parfois. »

En septembre 2023, la multinationale anglo-australienne a été condamnée à payer 500 000 dollars au gouvernement fédéral pour avoir rejeté des substances nocives dans la rivière Saguenay et ainsi enfreint la Loi sur les pêches.

Notons que Rio Tinto et son service de protection des berges n’ont pas répondu aux demandes d’entrevue de La Pige.

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