Combattre l’isolement avec des visites d’amitié
Assise dans sa voiture, Isabelle Dufour vient tout juste de terminer son quart de travail au centre d’Action bénévole de Jonquière. Malgré sa journée de huit heures au boulot et la fatigue, elle est en chemin pour donner à son prochain.
«C’est difficile de voir des gens qui doivent vieillir seuls et ne pas recevoir d’aide dans leurs tâches quotidiennes», explique-t-elle. En plus de son travail de secrétaire au centre, Mme Dufour, offre bénévolement de son temps à l’activité Les visites d’amitié.
Ces visites donnent la chance à des personnes âgées délaissées ou n’ayant pas de famille proche, d’avoir une présence pour parler et animer leur journée. Une rencontre d’une durée d’une heure qui laisse place à une relation saine qui rallume le cœur des aînés.
Isabelle Dufour s’apprête ainsi à rendre visite à Lucien (nom fictif). «Ce bénéficiaire est spécial pour moi. Sa condition me touche particulièrement. Je passe du bon temps avec lui, nous parlons de tout et de rien. La cuisine est probablement son passe-temps préféré», précise-t-elle avant la rencontre.
Arrivée à destination, elle attrape son sac sur le siège arrière. «Je ne dois pas oublier ça!», dit-elle. Ce sac contient des recettes de cuisine, un bloc-notes et autres outils utiles pour la visite. Elle cogne à la porte. La voix d’un homme se fait entendre. «Oui oui j’arrive laisse-moi juste le temps !», crie l’homme d’un ton fatigué.
Il bénéficie des différents services du centre d’Action bénévole de Jonquière. L’homme qui a célébré ses 84 ans jeudi dernier a été élevé dans une famille de 20 enfants. Sur ce nombre impressionnant de frères et sœurs, seulement quatre sont encore en vie. Les visites se font donc rares à son appartement.
«Je me souviens encore quand mes sœurs me montraient comment faire le pain dans la cuisine pendant que ma mère nous supervisait. Ça fait bien longtemps», dit-il en pointant du doigt, tout près de sa crèche de Noël, la photo de sa défunte mère.
Isabelle enchaîne. «Bon, comment s’est passée votre injection aujourd’hui? Avez-vous des effets secondaires à cause de vos médicaments?» demande-t-elle en utilisant sa formation d’infirmière à bon escient.
Elle avoue ressentir un réel sentiment d’attachement pour cet homme qu’elle ne connait que depuis quelques mois. «Il n’y a pas beaucoup de gens qui prendraient le temps de faire ce petit geste. Ce n’est pas grand-chose honnêtement! Au fil du temps on s’attache vraiment à ces personnes», lance Isabelle Dufour.
Pendant cette heure, Isabelle n’a pas beaucoup parlé. Au contraire, l’écoute est probablement la partie la plus importante de la visite. Le sentiment de se faire écouter est sans aucun doute le facteur qui donne son sens à ce service du centre d’Action bénévole de Jonquière.
Après avoir fait l’inventaire de ses nouvelles trouvailles culinaires et un concert d’accordéon privé, Lucien se sent fatigué en raison des traitements reçus dans la journée. Il est maintenant temps de finir la visite. Le cœur rempli et la tête en paix d’avoir fait une bonne action et d’avoir mis un peu de soleil dans la semaine de cet homme, Isabelle retourne à la maison.
Briser l’isolement
La solitude et l’isolement chez les aînés sont un enjeu social qui devrait grandir avec les années. Selon les projections de l’Institut national de santé publique, plus de 25% de la population sera âgée de 65 ans en plus en 2036 alors que 17,5 % représentaient cette tranche d’âge en 2015.
Selon un sondage effectué par la firme Léger auprès de 1005 Québécois et Québécoises en 2017, 94% des répondants affirment que l’isolement des aînés est un problème et 95% d’entre eux croient que l’isolement peut nuire à leur santé.
À l’inverse, seulement 12% de ces gens seraient prêt à faire un effort pour stoppper l’isolement des ainés.