Cafés Répar’action : une seconde vie pour des objets brisés

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Pour organiser un atelier de réparation, la recette est simple: « Ça prend une personne comme moi qui l’organise, des bisouneux, un local et des outils. C’est tout ce que ça prend! », raconte Mme Gagnon. Photo: Félix Gallant

La lumière blanche des lampes de bricolage contraste avec l’éclairage tamisé du Kéno Rock Café. Autour d’une table, en soirée, une poignée de bénévoles s’affaire à réparer des objets du quotidien. Entre les bruits des outils et des petites machines, on s’échange des conseils et des plaisanteries.  

Ces réparateurs et réparatrices, ce sont « les bisouneux ». C’est ainsi que les a surnommé.e.s l’organisatrice de l’activité Répar’action de Jonquière, Guylaine Gagnon. Depuis le début de l’année, le groupe se retrouve le deuxième lundi du mois au café communautaire. Les gens sont invités à y apporter leurs objets dysfonctionnels. Sur place, des outils sont mis à leur disposition pour les rafistoler eux-mêmes, avec l’aide des bénévoles. 

Le concept, imaginé aux Pays-Bas et popularisé au Québec dans les dernières années, a été implanté dans la région il y a un an, quand Mathieu Tremblay a débuté l’atelier d’Alma. Aujourd’hui, le machiniste de métier estime qu’entre trois et dix objets sont réparés à chaque atelier au café l’Accès. « On a un niveau de succès assez élevé. Souvent, ce sont juste des choses qui sont coincées ou encrassées, c’est assez simple à réparer », confie-t-il. 

Bien sûr, l’équipe ne peut pas garantir qu’elle réussira à réparer tous les objets, mais elle fait des miracles, selon Guylaine Gagnon. Sans avoir les pièces de rechange, avec une bonne dose de débrouillardise, grille-pain, séchoir à cheveux, lampe de chevet, cafetière, presque tout est remis en état de marche. « Je pense qu’on est capables de réparer neuf objets sur dix », ajoute Mathieu Tremblay. 

Chaque fois qu’un objet est réparé, le moment est immortalisé et publié sur la page Facebook de Répar’action. Photo : courtoisie

Avantageux, socialement et écologiquement  

Pour M. Tremblay, c’est le côté social qui fait le charme de l’activité. Cet avis est partagé par les bénévoles à l’atelier de Jonquière. « C’est un esprit de collaboration, tout le monde vient s’aider. Chaque fois, on apprend quelque chose de nouveau », raconte le réparateur Gabriel Arsenault.  

Les cafés réparation ont aussi un impact environnemental. Ce qui se retrouve entre les mains des bénévoles n’atterrit pas dans un site d’enfouissement. En partageant ses connaissances avec la communauté, Mathieu Tremblay espère faire une différence à plus grande échelle. « Si on répare dix objets, peut-être que ça va faire en sorte qu’il va y avoir dix autres objets réparés dans les maisons de chaque personne dans les mois qui vont suivre. Ces objets-là n’iront pas à la poubelle », dit-il. 

… et aussi financièrement! 

« Je viens d’économiser 180 dollars! », se réjouit Guylaine Gagnon en plaçant une affiche sur laquelle il est écrit « réparé ». La scelleuse qu’elle a apportée au café réparation vient d’être remise en bon état : elle n’aura pas à en acheter une neuve. Ce genre de grandes économies arrive assez fréquemment pendant les ateliers. « Souvent, ce sont des machines qui peuvent valoir jusqu’à 200-300 dollars. Ça fait des semaines, des mois ou des années que les gens gardent ces objets brisés à leurs domiciles, parce que ça vaut cher et ils ont un sentiment d’appartenance », précise Mathieu Tremblay.  

L’organisatrice du café Répar’action de Jonquière se dit fière de venir en aide à des gens qui ne possèdent pas les connaissances ou les outils pour restaurer leurs biens. Elle refuse les pourboires que certaines personnes veulent lui offrir. L’important, pour elle, est de rendre un service et de passer de belles soirées en compagnie des « bisouneux ».  « C’est plaisant! Les gens nous disent merci, ils apprécient ce qu’on fait. C’est valorisant! », s’exclame-t-elle. 

 

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