Encore du chemin à faire pour les cheveux frisés à Saguenay

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Pour la communauté noire au Saguenay-Lac-St-Jean, les ressources ne sont pas abondantes lorsque vient le temps de prendre soin de leurs cheveux. Malgré qu’il y ait seulement un salon spécialisé en cheveux frisés dans toute la région, la communauté arrive à se débrouiller.

À leur arrivée au Saguenay, M’mah Touré et Aliya Oranger, toutes deux étudiantes provenant de France au Cégep de Jonquière, ont été prises au dépourvu par le manque de produits capillaires adaptés à leur type de cheveux.

M’mah Touré a débuté ses études au Cégep de Jonquière il y a 2 ans. Elle fait souvent venir ses produits capillaires de France. (Photo courtoisie)

« J’ai eu du mal à trouver des produits. Les shampoings et les masques pour les cheveux ça va, ce sont plus les crèmes hydratantes et autres que c’est plus difficile », explique M’mah.

« J’ai vraiment de la difficulté à trouver de l’Aloe Vera pour mes cheveux. On ne doit pas se le cacher aussi, les produits en France sont vraiment moins chers. Parfois au Saguenay ils sont jusqu’à cinq fois plus chers que chez moi », raconte de son côté Aliyah qui préfère utiliser des produits naturels.

La solution trouvée par les deux filles : demander à leurs proches en France de leur envoyer par la poste leurs produits. D’autres personnes se sont plutôt tournées vers l’achat en ligne.

« Je trouve quand même pas mal de choses sur Amazon, mais ça m’énerve de ne pas pouvoir tester le produit. Quand tu vas à Montréal par exemple, il y a pleins de magasins qui tiennent des produits capillaires pour les cheveux crépus et tu peux toucher le produit avant de partir », explique l’étudiante au Cégep de Jonquière et originaire du Cameroun, Quincy Carrele.

Le peu de coiffeuses aptes à s’occuper de leurs cheveux a aussi obligé Aliya et M’mah à changer leurs habitudes capillaires.

Aliyah, qui aime beaucoup s’exprimer par sa coiffure, a maintenant choisi d’opter pour un style naturel ou aplati au fer.

Pour protéger ses cheveux du froid, pour se simplifier la vie et sauver de l’argent, M’mah s’est mise à porter plus fréquemment des perruques.

« Je me suis rendue compte en arrivant ici que si tu ne sais pas tresser tes cheveux toute seule et bien tu vas devoir payer. C’est le double, le triple de ce que je débourse en France. Je demande souvent à mes copines de me coiffer, mais même là, les rallonges coûtent très chères ici et la coiffure ne dure qu’un mois », raconte-t-elle.

Le seul salon de la région

Au Saguenay Lac-St-Jean, depuis huit ans, le salon Exotica à Chicoutimi est le seul service de la région spécialisé en cheveux frisés. La propriétaire, Marie-Thérèse Bessin, gère son entreprise qui inclut aussi un restaurant et une épicerie, sans arrêter de tresser.

La femme d’affaire originaire du Burkina Faso, savait qu’il y avait une demande pour la coiffure, mais aussi pour le commerce des produits capillaires. Elle-même avait eu de la difficulté à trouver des produits adaptés à son type de cheveux lors de son arrivée au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

 

Marie-Thérèse Bessin coiffe au Saguenay depuis 20001. Elle a ouvert son commerce à Chicoutimi il y a huit ans pour combler un besoin dans la région. (Photo Evelyne Alix-Fontaine)

« Ma clientèle, c’est beaucoup de blancs. Je ne m’attendais pas à ça! Les étudiants de la communauté noire n’ont souvent pas assez d’argent pour s’offrir mes services. C’est sûr que je suis plus cher qu’en Afrique ou en Europe. Le coût de la vie, les taxes et l’importation des produits sont plus chers ici », explique Marie-Thérèse Bessin.

S’entraider avec son frisé

Pour sauver de l’argent, des étudiants s’entraident entre eux pour tresser leurs cheveux.

« J’ai une amie camerounaise qui ne savait pas coiffer, moi oui. Je lui ai montré des vidéos YouTube que j’ai utilisées pour apprendre et maintenant on se tresse entre nous […] Je coiffe d’autres étudiants aussi, beaucoup des garçons. Comme je coiffe dans mon salon, je baisse les prix. J’ai des clients que je ne connaissais pas qui sont devenus mes amis aujourd’hui », raconte Quincy Carrele.

Quincy Carrele coiffe plusieurs étudiants qui sont devenue ses amis au fil du temps. (Photo courtoisie)

 

« Mes cheveux représentent beaucoup de chose pour moi. C’est ma culture. C’est quelque chose que je brandis haut et fort. C’est beau, c’est vraiment beau surtout au naturel », a-t-elle ajouté.

Sur Marketplace, sur Facebook, plusieurs personnes offrent leurs services pour coiffer. C’est le cas de Ginette Ehua, une agente administrative dans un CHSLD, originaire de la Côte d’Ivoire.

Loïc Bertrand est reconnaissant des recherches et expérimentations qu’a faites sa mère pour arriver à lui trouver des produits qui lui convient. (Photo courtoisie)

« Pendant la COVID, j’avais plus de temps donc j’ai commencé à offrir mes services sur Marketplace. C’est vraiment pour aider les étudiants. Pour ceux qui arrivent au Saguenay et qui ne savent pas se coiffer », confie-t-elle.

Loïc Bertrand originaire de Laterièrre, a réussi à trouver des produits accessibles et peu couteux pour ses cheveux frisés au Saguenay. C’est grâce à plusieurs essais et erreurs ainsi qu’aux recherche sur internet qu’a faites sa mère. Il y a de la place à l’amélioration dans la région, croit Loïc et l’ensemble des personnes rencontrées par La Pige.

« Je pense qu’on a besoin d’un autre salon spécialisé en cheveux frisés au Saguenay, surtout que plus les années avancent, plus il y a d’immigrants et plus de diversité capillaire. C’est un marché intéressant qui est à développer », explique-t-il.

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