Décorer dans le respect de l’environnement

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Claude Fortin, une résidente d’Arvida réutilise tous les ans ses grands bonshommes qui bougent. Elle les range dans leurs boites puis les recycle, mais cela ne l’empêche pas d’en racheter chaque année. En 2024 elle en a racheté 10 pour environ 1000 $.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’impact écologique et énergétique des décorations de fêtes reste minime. Celui-ci doit quand même être pris en compte, sans toutefois empêcher les Québécois de décorer leur maison pour Halloween et Noël selon Hydro-Québec et l’organisme environnemental Eurêko.

« La problématique première des décorations est que souvent ce sont des matières à usage unique et en plastique déplore la chargée de projet chez Eurêko, Julie Bolduc. Elles sont utilisées une fois dans l’année, mais réutilisées probablement deux ou trois fois et ensuite elles sont jetées. C’est vraiment leur faible temps d’utilisation qui est problématique. »

La solution la plus efficace pour protéger l’environnement est donc de s’assurer de réutiliser les objets et de prendre en considération tout son cycle de vie, selon Mme Bolduc. Certaines résidentes d’Arvida et de Jonquière en ont bien conscience et ont trouvé des solutions pour pallier ce problème.

Roxanne Potvin utilise les mêmes décorations depuis 10 ans. « Je les replace différemment chaque année, lorsque c’est beau et de bonne qualité, on peut faire longtemps avec les mêmes décorations. Sinon, je recycle et j’en fais moi-même », affirme-t-elle. Créer ses propres décorations est aussi une solution, que partage Joannie Larouche résidente d’Arvida. « C’est moi qui fais la plupart de nos décorations et ça m’amuse en même temps. Je réutilise toujours les mêmes et j’essaie de faire de la qualité pour faire attention à l’environnement », confirme-t-elle.

Un autre problème que constate Julie Bolduc depuis ces dernières années, c’est que lorsqu’une nouvelle technologie ou une décoration plus moderne voit le jour les gens se précipitent pour l’acheter alors qu’ils avaient déjà des décorations chez eux. « En général c’est toujours plus écologique de garder notre veille affaire qui prend plus d’électricité et qui pollue plus que d’en acheter une nouvelle », affirme Julie Bolduc.

Toute la production derrière une décoration est polluante. « Il ne faut pas oublier la conception des décorations. Ça demande beaucoup de métaux et de plastique qui viennent de l’industrie du pétrole. Tout ça vient occasionner un dommage environnemental avant même que les gens les utilisent », relève le professeur en science fondamentale à l’université du Québec à Chicoutimi, Patrick Faubert.

Se poser les bonnes questions avant d’acheter des décorations est important pour l’environnement. « Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas. Si on coupe le cycle de vie de l’objet, qu’on ne fabrique pas, qu’on ne distribue pas, qu’on ne transporte pas puis qu’on n’utilise pas, déjà là, on fait des gros gains environnementaux », explique la chargée de projet chez Eurêko.

Impact énergétique

 « De façon générale, les décorations des temps des fêtes n’ont pas un impact marqué sur la consommation d’énergie et d’électricité au Québec », note le conseiller stratégique en communications chez Hydro-Québec, Cendrix Bouchard.

La science évolue et a développé des ampoules DEL qui consomment moins d’électricité. « Les ampoules à DEL consomment généralement 70 % à 90 % moins d’énergie que les ampoules incandescentes utilisées autrefois », d’après Cendrix Bouchard.

Par exemple, il en coûterait 1,98 $ pour l’éclairage d’un sapin extérieur d’environ deux mètre allumé pendant une quarantaine de jours, environ sept heures par jours pour un total de 280 heures d’utilisation. Alors que si on regarde l’ancienne technologie (ampoule incandescente) ça représenterait 17,06 $, selon M Bouchard.

Par contre, il y a d’autres types de décorations demandent plus d’énergie et coûtent plus cher. Les structures gonflables par exemple sont de plus en plus populaires. Toujours selon M. Bouchard, un bonhomme de neige gonflable qui serait allumé 12 heures par jour pendant 40 jours, donc environ 480 heures, c’est 7,02 $ pour sa consommation. Pour un carrousel tournant gonflable pour les mêmes nombres d’heures et de jours, ça serait 9,46 $. « Il faut être conscient tout de même qu’il y a un impact sur de la facture des clients qui vont choisir d’adopter des structures comme celles-là », affirme-t-il.

Une distinction importante doit être faite entre les décorations intérieures et extérieures. « Si on parle des décorations intérieures, il faut réaliser que les ampoules produisent de la lumière et libèrent de l’énergie sous forme de chaleur. Toute l’électricité intérieure, va être récupérée de façon indirecte en chauffant la maison, donc c’est à coût nul pour les résidents. Alors que pour les décorations extérieures, cette chaleur-là n’est pas récupérée », explique le conseiller stratégique en communications chez Hydro-Québec.

Au fil du temps, des astuces se sont développées pour réduire le temps d’utilisation de l’électricité utilisé par les décorations. Hydro-Québec conseille toujours à ses clients de se servir d’une minuterie et de la synchroniser avec le soleil.  Une idée déjà adoptée par Joannie Larouche. « Pour réduire la consommation d’électricité de mes lumières, j’ai des minuteurs donc ça ne reste pas allumé toute la nuit » dit-elle.

Préoccupations environnementales ou pas, c’est avant tout pour mettre de la magie dans les yeux des enfants que les gens décorent leur maison. « Le bonheur des enfants, voir la joie dans leurs yeux c’est pour ça que je décore », affirme une résidente d’Arvida, Claude Fortin.

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Photo ronde Thalia Chevalier.