Coupables de silence
Avec le nouveau documentaire Surviving R. Kelly, plusieurs allégations d’abus sexuels ont refait surface à propos du chanteur américain. Ce n’est pas la première fois qu’une histoire semblable fait du bruit dans le monde du spectacle, mais une constante se fait remarquer. Les gens du milieu sont au courant et prennent la décision de se taire. Ne sont-ils pas, alors, coupables de silence?
La série de six épisodes, diffusée en début d’année, met en lumière des histoires d’agressions sexuelles et de pédophilie, dont est soupçonné R. Kelly, depuis des années.
Toutefois, c’est bien avant que les allégations ont commencé à circuler avec la publication d’un dossier sur Buzzfeed en juillet 2017. On y mentionnait que R. Kelly entretenait alors un culte sexuel, dans lequel il piégeait plusieurs jeunes filles. Il aura fallu attendre jusqu’au 14 janvier 2019 pour que Céline Dion retire sa chanson I’m your Angel dans laquelle le chanteur fait une apparition. Pendant près de deux ans, la Québécoise ne voyait pas l’intérêt de supprimer la chanson des plateformes de streaming.
Lors de ces deux années, la chanteuse aurait pu utiliser sa plateforme pour donner une voix aux allégations sérieuses, mais elle a préféré rester silencieuse. C’est seulement lorsque l’histoire a atteint les plus gros médias que la chanson a été retirée.
Ici, c’est semblable. On peut penser à Éric Salvail ou bien Gilbert Rozon, deux figures importantes dans leur domaine respectif. À l’instar de R. Kelly, ces deux géants ont fait l’objet d’enquêtes journalistiques révélant de nombreux témoignages de personnes disant avoir été victimes d’agressions sexuelles.
Ce n’est qu’une fois l’histoire sortie au grand jour que les témoins ont commencé à dénoncer. Pourquoi avoir gardé le silence si longtemps? Certainement pas pour protéger les victimes.
Si une personne est témoin d’un comportement répréhensible, il doit le dénoncer. Ne rien faire alimente la peur dans laquelle sont plongées les victimes. Lorsqu’une victime est entourée de personnes qui connaissent l’enfer qu’elle vit, mais qui n’agissent pas, elle en vient à penser que c’est peut-être normal, que c’est un passage obligé. Et ça, c’est inacceptable.