Censure et autocensure : un frein à la créativité

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Appropriation culturelle, dérapage sur les réseaux sociaux, cancel culture ou culture du bannissement, il est de plus en plus compliqué pour un artiste de concevoir une œuvre sans y repenser à deux fois. Ils sont nombreux à se questionner à savoir s’ils ont ou pas la légitimité de traiter certains sujets.

Les artistes sont toujours libres de créer ce qu’ils souhaitent selon l’auteur de L’orangeraie, Larry Tremblay, et la directrice générale du théâtre CRI, Maryline Renaud. En revanche, le monde change et des groupes culturels, ethniques, religieux ou autres s’expriment régulièrement en faveur ou en défaveur d’une œuvre. « Les artistes sont libres, mais ne sont pas irresponsables », nuance l’écrivain originaire de la région, Larry Tremblay.

Dans le contexte actuel, est-ce que je pourrais encore écrire L’orangeraie, s’interroge Larry Tremblay, lui qui n’a jamais connu la guerre.

Certains créateurs évitent parfois des sujets par crainte de représailles. « Tout notre rapport à l’histoire m’intéresse, mais je n’ai pas toute la liberté possible », commente Maryline Renaud. Des créateurs vont même jusqu’à l’autocensure par peur de se faire bannir par un éditeur ou un lieu d’exposition. « L’orangeraie, c’est un roman sur la guerre au Moyen-Orient, mais je viens de Chicoutimi et je n’ai jamais connu la guerre. Est-ce que je pourrais encore l’écrire aujourd’hui ? », s’interroge Larry Tremblay. Celui qui vient de publier le roman Tableau final de l’amour, largement inspiré du peintre Francis Bacon déplore le rétrécissement de l’imaginaire actuel.

Les réseaux sociaux rendent également prudents certains artistes. « Ils amplifient tout et amènent souvent un lot de confusions », fait remarquer Larry Tremblay.

En tant que personnalités publiques, les artistes ont conscience de leur influence sur le public. « Je ressens comme artiste, le devoir de réfléchir à ma position et de penser comment aborder tel ou tel sujet », mentionne Maryline Renaud. Larry Tremblay admet aussi faire plus attention à ce qu’il écrit et est conscient du monde de l’art actuel, mais persiste à vouloir continuer.

« Aucune solution n’a été trouvée [pour contenter tout le monde] », regrette la directrice générale du théâtre CRI. Elle ne perd pas espoir pour autant. « La prise de conscience est là, il reste un bout de chemin à faire, mais nous les artistes, nous sommes créatifs, et nous finissons toujours par nous en sortir », dit-elle avec optimisme.

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