Devrait-il y avoir plus de discipline à l’école ?

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Près de 30% des jeunes du primaire et du secondaire ont subi de l’intimidation en 2022, selon l’Institut de la statistique du Québec. (Crédit photo : Kim Martin)

Les professionnels de l’éducation de la région sont partagés devant la proposition de la Commission de la relève de la CAQ de donner plus de pouvoirs disciplinaires aux enseignants. Certains croient que tout est déjà en place dans les écoles pour faire la discipline, alors que d’autres aimeraient avoir plus de pouvoir.  

Kim Martin

Le directeur général adjoint des Services éducatifs du Centre de services scolaire des Rives-du-Saguenay, Régis Lavoie, n’adhère pas à la proposition de la Commission de la relève. Il croit que « tout est en place pour éviter » l’incivilité. Un des défis est que l’enseignant n’est souvent pas soutenu par les parents des enfants avec un trouble de comportement. « Il faut juste imaginer un jeune de 12-13 ans. Si le parent dit quelque chose et que l’école dit autre chose, à ce moment-là, on est dans une confusion pour le jeune. » Il souligne que l’appui parental permet à l’école et aux parents de faire « équipe dans tout ça ».

Régis Lavoie a travaillé pendant près de 20 ans dans les établissements scolaires en tant qu’enseignant, conseiller pédagogique et directeur adjoint. (Crédit photo : Kim Martin)

2 enseignantes témoignent

Une jeune enseignante au primaire qui désire rester anonyme confirme que les parents ne sont pas toujours du côté des enseignants. « Souvent, on est pris au piège entre les parents et les élèves. Les parents vont dire : “Mon enfant ne fait pas ça à la maison”, ou la direction va dire : “Oui, tu me dis telle affaire, mais rapporte-moi des faits”. »

Une professeure de secondaire 5 qui, elle aussi, souhaite garder l’anonymat avoue que l’incivilité est plus présente que lorsqu’elle a commencé sa carrière, il y a 21 ans. « On le sent et c’est verbalisé partout que les cohortes sont plus difficiles. »

« Ce que je ne voyais pas beaucoup avant, ajoute-t-elle, c’est des parents qui arrivent à l’école fâchés, qui n’ont pas pris le temps de décompresser, ou qui écrivent directement des menaces ou des courriels haineux à des enseignants. » Maintenant, les rencontres de parents se font généralement dans de grandes salles, et non dans des classes, « pour qu’il y ait toujours des témoins ».

Ce n’est pas seulement le comportement des parents qui a changé, mais aussi le rôle de la direction des écoles. La femme témoigne que la direction est devenue plus un « gestionnaire administratif » qu’une figure d’autorité. « Lorsque j’étais étudiante, on avait un directeur dans son bureau qui recevait les élèves qui se faisaient sortir de la classe. »

L’enseignante ne voit pas de mal à ce que le système d’éducation soit plus punitif.« Un parent qui punit, c’est un parent bienveillant. »

Près d’un enseignant sur 5 est victime de violence physique au Centre de services scolaire des Rives-du-Saguenay, d’après le Syndicat régional des employés de soutien. Ce manque de respect des élèves peut engendrer une baisse de motivation chez les professeurs. De plus, environ 440 démissions ont eu lieu au sein du centre de services scolaire depuis 2019.

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