Un nouveau « variant » de l’intimidation dans les écoles du Québec
Selon l’Institut de la statistique du Québec, les personnes LGBTQ+ seraient un des groupes les plus intimidés au Québec. Photo : Léo Hudon
Après la cyberintimidation, le nouveau « variant » de l’intimidation dans les écoles du Québec, c’est la polarisation et la radicalisation. En octobre dernier, 11 enseignants de l’école Bedford à Montréal ont été suspendus pour cette raison. Les écoles du Saguenay-Lac-Saint-Jean ne sont pas à l’abri de scénarios similaires.
« Il y a davantage de multiculturalité dans nos écoles, et pour nous, c’est une réalité qui est nouvelle », a rapporté le directeur général adjoint responsable des services éducatifs au Centre de services scolaire (CSS) des Rives-du-Saguenay, Régis Lavoie. « Pour ce qui est de la diversité, comme la diversité sexuelle, la diversité de genre, la diversité au niveau des ethnies, il y a des stratégies plus pointues qui sont mises de l’avant depuis quelques mois », ajoute-t-il.
Une enseignante d’une école primaire du Lac-Saint-Jean, qui préfère garder l’anonymat, a rapporté qu’elle ne laisse pas passer ce type d’intimidation dans sa classe. Ayant vécu de l’intimidation quand elle était jeune à cause de son handicap, elle sensibilise ses élèves à accepter les différences.
Cependant, la radicalisation n’est qu’une partie du problème qu’est l’intimidation. Selon « l’Étude québécoise sur les rapports sociaux dans un contexte scolaire, de travail et dans la communauté 2022 », 27 % des jeunes de 12 à 17 ans ont vécu de l’intimidation ou de la cyberintimidation dans un cadre scolaire, malgré les mesures instaurées dans les écoles.
« Ça [la cyberintimidation] c’est une nouvelle réalité qui est difficile à gérer au niveau scolaire et on peut y voir une recrudescence », a mentionné Régis Lavoie.
12 % des personnes de 12 ans et plus ont vécu de l’intimidation ou de la cyberintimidation au Québec en 2022, d’après l’Institut de la statistique du Québec. Photo : Léo Hudon.
Pour l’enseignante, le pire cas d’intimidation qu’elle a dû gérer, c’est de la cyberintimidation. « Ça se passait les soirs, la fin de semaine sur les réseaux sociaux. En théorie, on ne devait pas s’en occuper parce que ça ne se passait pas à l’école, mais ça avait un impact à l’école parce que l’intimidé et les intimidateurs étaient dans ma classe. »
D’après elle, l’enfant victime d’intimidation n’avait plus envie d’aller à ses cours. « On se faisait dire par des parents qu’on n’avait pas d’affaires à se mêler de ça parce que ça se passe à l’extérieur de l’école, et il y avait d’autres parents qui voulaient qu’on s’en mêle », a témoigné l’enseignante.
Agir en cas d’intimidation
Régis Lavoie a expliqué que c’est une obligation légale d’intervenir lorsqu’il y a de l’intimidation. Dans les écoles des Rives-du-Saguenay, il y a un protocole à suivre, mais chaque cas est différent. « On est plus dans une approche éducative que coercitive. On se concentre plus à éduquer à la fois l’élève intimidateur et l’élève qui est intimidé aussi dans des stratégies, pour que ça ne se reproduise pas. Par contre, lorsqu’il faut mettre des mesures de protection, il peut y avoir des conséquences qui relèvent de la Loi sur les jeunes contrevenants. »
À l’école de l’enseignante jeannoise, il y a un concept appelé les boites de dénonciation. Lorsqu’un élève se fait intimider, il peut dénoncer son intimidateur en déposant un petit papier qui explique la situation dans l’une des boites dans l’école. « Des fois, les enfants ont peur de se faire traiter de rapporteur ou que l’intimidation s’accentue si les intimidateurs apprennent qu’ils se sont plaints », a précisé la professeure. Elle a aussi expliqué que les enseignants se fiaient beaucoup à l’éducatrice spécialisée pour les cas d’intimidation.
Dans sa classe de sixième année, l’enseignante fait des mises en situation, des discussions de groupe et elle s’assure d’aborder des thèmes comme l’empathie, le respect, et le respect des différences. « Dans des cas où l’on soupçonne de l’intimidation, on peut faire venir des policiers- éducateurs. » Elle a renchéri en disant que les mesures pour contrer l’intimidation se sont grandement renforcées depuis le début de sa carrière en enseignement, en 2013.
Tous les enseignants des écoles du CSS des Rives-du-Saguenay doivent suivre une formation sur l’intimidation. Les étudiants font aussi des ateliers en classe et des conférenciers viennent leur parler des méfaits de l’intimidation.