L’anxiété de performance, de plus en plus présente

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Prôner la réussite et les résultats au-delà de l’effort et de l’apprentissage. C’est le meilleur moyen de développer des épisodes d’anxiété de performance. Un phénomène qui, selon plusieurs chercheurs de l’Université de Sherbrooke, se développe de plus en plus chez les jeunes qui se mettent de la pression par rapport au rendement de la vie de tous les jours.

Xavier Pouliot | 2233264@etu.cegepjonquiere.ca

« La seule personne qui ne ressent plus de stress et d’anxiété, c’est la personne qui n’est malheureusement plus de ce monde », explique l’intervenant psychosocial de l’Université de Sherbrooke, Christian Dumas-Laverdière. Ce dernier souligne le fait que vivre de l’anxiété, c’est normal, mais qu’il faut simplement apprendre à la contrôler et ne pas la voir comme quelque chose de « mauvais ».

Vivre de l’anxiété de performance peut amener deux phénomènes courants. D’abord, une personne vivant de cette anxiété peut faire de l’évitement, donc de la procrastination ou au contraire va se surinvestir dans tout ce qu’elle fait. « Dans les deux cas, elles s’exposent à de l’épuisement et à des blessures, c’est deux extrêmes qu’il faut éviter », raconte l’intervenant psychosocial. L’important c’est d’éviter que la réussite devienne une obsession trop importante pour qu’il n’y ait que ça dans la vie d’un étudiant ou d’un sportif. C’est à partir de ce moment que ça devient « contre-performant ».

Des tendances inversées

Selon des statistiques présentées par l’Institut de la statistique du Québec en 2022, le pourcentage de jeunes vivant avec des troubles anxieux au secondaire aurait bondi de 260% en une quinzaine d’années. En 2010-2011, le pourcentage était à 8,6%. Dans une étude publiée après la pandémie par l’Université de Sherbrooke, on comprend que « près d’un jeune sur deux âgé de 12 à 25 ans présentait des symptômes d’anxiété ou de dépression modérée ». De l’autre côté de la médaille, le nombre de psychologue en milieu scolaire a diminué de 100 depuis 2009-2010 au Québec et ce nombre ne cesse de diminuer chaque année. Pour contrer ce manque de ressources en intervenants spécialisés, plusieurs parents s’orientent vers la médication et la prescription d’antidépresseurs. Selon la Régie de l’assurance maladie du Québec il y aurait 4960 de prescriptions d’ordonnance d’antidépresseurs chez les jeunes filles de 17 ans et moins et 2479 chez les garçons.

 

Les impacts sociaux

L’anxiété de performance va au-delà du scolaire et du sportif, elle peut grandement impacter les relations sociales, qu’elles soient amoureuses, parentales ou amicales. Surtout à l’adolescence où les relations amicales ont un immense impact sur le développement et l’estime de soi. Certaines personnes peuvent aller jusqu’à refuser de développer une relation amoureuse par peur de ne pas être à la hauteur ou de ne pas être assez bonnes pour l’autre. « Ça peut se transformer en un comportement d’évitement voire d’isolement et de retrait complet. C’est dès lors que ça devient très souffrant surtout à l’âge des gens qui ont besoin de se développer », raconte Christian Dumas-Laverdière.

C’est le cas de plusieurs jeunes de 15 à 22 ans, qui fréquentent diverses écoles secondaires et Cégeps. Par exemple l’étudiante au Cégep de Jonquière, Mélodie Leblanc, qui se souvient de ses premiers épisodes d’anxiété remontant en secondaire 3. « C’est là aussi que la pression sociale embarque, raconte-t-elle. Tous les mélanges sociaux de tes parents, de tes amis on dirait que ça t’impacte tout en même temps. »

Le sentiment de manque d’approbation des autres est un sentiment auquel Mélodie a souvent fait face dans sa vie. De toujours se demander ce que les autres allaient penser d’elle ou de ses relations, surtout de la part de ses parents. « Je pense que ça m’a donné un sentiment d’insécurité qui a continué tout au long de ma vie, témoigne l’étudiante. J’ai besoin de l’approbation des autres même si je ne devrais pas. Mais ça fait partie de l’overthinking que tu as quand tu fais de l’anxiété ».

 

Une forme de perfectionnisme ?

Les personnes qui ont le trait de caractère d’être « perfectionnistes » ont davantage de risques de développer de l’anxiété de performance. « Ils sont tellement perfectionnistes qu’ils vont tomber dans des comportements de procrastination et d’évitement. […] ils sont tout le temps en train de ruminer quelque chose dans leur tête qui leur dit “ça doit être parfait sinon ça ne marchera pas et ça va devenir une catastrophe” », décrit Christian Dumas-Laverdière.

Selon lui ce n’est pas un trouble, ça le devient à partir du moment où la personne va développer des symptômes sévères qui vont l’empêcher de bien fonctionner. C’est-à-dire que si l’anxiété de performance est bien gérée et qu’elle ne devient pas un problème pour le quotidien de l’être, elle peut être un point positif et va pousser l’individu à se surpasser.

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