Une nouvelle ère pour les chaînes télévisées sportives au Québec

« Aujourd’hui, les amateurs de sport ont la possibilité de regarder du contenu sportif sur d’autres modes de diffusion que le câble traditionnel », indique le professeur au département de communication de l’Université d’Ottawa, Luc Dupont. Crédit photo(© Nicolas Roy)
RDS a perdu 7 % de sa clientèle tandis que TVA Sports a enregistré une baisse de 9 % selon des données du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, Du côté financier, Bell et Québecor ont subi respectivement une perte de 22 millions et 18 millions avant les impôts. « Les entreprises télévisuelles doivent mettre en place des pistes de solutions telles que la promotion croisée et l’acquisition d’équipes sportives », affirme le professeur au département de communication de l’Université d’Ottawa, Luc Dupont.
Nicolas Roy
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Afin d’augmenter leurs revenus et le nombre de téléspectateurs, certaines chaînes sportives se tournent vers des partenariats avec d’autres chaînes spécialisées qui leur permettent de proposer du contenu sportif à grand déploiement. Récemment, le 29 octobre dernier, l’entreprise Prime Video s’est associée avec RDS pour diffuser des évènements sportifs d’envergure, des bulletins de nouvelles sportives et des analyses offertes par une équipe d’experts.
Pour le professeur au département de communication de l’Université d’Ottawa, Luc Dupont, c’est intéressant de voir ce type de partenariat entre deux entreprises qui sont historiquement ennemies. « RDS et Amazon Prime ne sont pas des amis dans la vraie vie. Ils sont condamnés à travailler ensemble. D’une part, Amazon va chercher les téléspectateurs de RDS et d’autre part RDS va chercher une partie des téléspectateurs de Amazon. Donc, c’est ce qu’on appelle la promotion croisée en média. »
Certaines entreprises ont trouvé d’autres pistes de solution pour améliorer leur rentabilité et leur visibilité. « L’autre possibilité c’est de prendre possession des équipes sportives. Bell à Québec possède une partie du Canadien de Montréal, Rogers à Toronto possède une majorité des Maple Leafs de Toronto alors qu’au fond Rogers c’est aussi Sportsnet. C’est eux actuellement qui diffusent et qui ont les droits sur plusieurs matchs de la Ligue nationale de hockey au Canada avec Québecor (TVA Sports) », déclare Luc Dupont.
DAZN diffuse des matchs de la NFL et de la MLB tandis que Apple TV offre les matchs de la MLS. Enfin, Amazon propose désormais des matchs de la LNH les lundis soir. Crédit photo (©Nicolas Roy)
Les plateformes de diffusion en continu s’intéressent de plus en plus aux sports pour varier leurs contenus et augmenter le nombre de leurs abonnés. Cet intérêt entraîne des conséquences négatives pour les chaînes de sport comme RDS et TVA Sports. « Les plateformes travaillent dans un univers global, sans limite d’emplacement et de langue. Leurs moyens sont quasiment illimités. Aucune chaîne francophone ne pourra présenter des matchs à 28 caméras et espérer dégager un profit. En plus, au Québec, outre les matchs des Canadiens, et possiblement des Alouettes, il est difficile de penser attirer un large auditoire pour les autres propriétés, sauf lors des matchs de championnat. Le combat ne se fera jamais à armes égales », mentionne le descripteur et journaliste pour TVA Sports, Sébastien Goulet.
Quel est le futur de la télévision sportive ?
« De plus en plus, ça va passer par les plateformes de diffusion en continu donc ce n’est que le début. Ce qu’a fait il y a quelques années la MLS en vendant sa quasi-totalité de ses droits à Apple TV, c’est quelque chose qu’on va voir plus souvent. Également, on s’attend à voir des partenariats dans les années à venir, car des acteurs comme RDS et TSN ne pourront jamais rivaliser avec la puissance aussi forte que les plateformes comme Prime Video », avance Luc Dupont.