Une demande en hausse pour les centres d’aide pour les hommes

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À cœur d’homme situé à Montréal est un réseau d’aide composé de 32 organismes communautaires autonomes repartis à travers le Québec. (Photo : Pixabay) 

Selon le rapport annuel de 2023 à 2024 de l’organisme À cœur d’homme, ayant pour mission d’accompagner les hommes désirant mettre fin à leurs comportements violents, la clientèle a augmenté de 60 % en quatre ans. Toutefois, les régions ne sont pas également desservies. 

« En Abitibi, certains doivent faire 1 h 30 de route pour accéder à des ressources de consultations individuelles ou regroupées pour desservir les hommes qui souhaitent cesser leurs comportements violents dans un contexte conjugal. Nous avons encore du chemin à faire pour rendre l’aide accessible à tous », regrette la directrice générale de l’organisation, Sabrina Nadeau. 

Depuis près de 30 ans, des organismes travaillent sans relâche pour offrir une voie de sortie aux hommes en difficulté et ainsi, prévenir de nouvelles victimes. « Le petit pas n’est pas un petit pas, c’est un pas dans la bonne direction », annonce Sabrina Nadeau. Et soyons très clairs, nous responsabilisons ces hommes, mais jamais nous ne jugeons l’homme qui vient demander de l’aide à nos ressources. » 

Une problématique encore présente  

Chaque année, des dizaines de milliers de femmes sont victimes de violence conjugale au Québec. En 2024, 25 féminicides ont été enregistrés, dont 13 en situations conjugales, selon l’Institut de la statistique du Québec. 

Les signes avant-coureurs de la violence conjugale ne doivent pas être ignorés. « Dans bien des cas, il n’y a jamais eu de violence physique avant l’homicide ou la tentative d’homicide », prévient Sabrina Nadeau. D’où l’importance d’intervenir dès les premiers signaux : comportements de contrôle, jalousie excessive, humiliation verbale. « Les homicides conjugaux sont statistiquement les plus évitables. Il faut agir en amont. » 

Le directeur général du Centre des ressources pour homme Optimum à Alma, Sébastien Ouellet, est un homme marqué par son vécu. Victime d’intimidation dans sa jeunesse, il a été témoin de nombreuses violences et s’est engagé à réduire ces comportements destructeurs. « Travailler pour une société plus égalitaire et moins violente, c’était une évidence pour moi », déclare-t-il.  

Depuis sa fondation, Optimum a vu le profil de sa clientèle évoluer. « En 1995, la majorité de nos usagers avaient entre 45 et 50 ans et étaient sous le coup d’ordonnances judiciaires. Aujourd’hui, l’âge moyen est de 30 à 40 ans, et seulement 33 % de nos clients sont judiciarisés. Les hommes ont besoin de nos services et le savent », note le directeur. 

Des raisons personnelles 

Ce qui le touche encore aujourd’hui, ce sont les témoignages d’hommes ayant trouvé une nouvelle voie. Il se souvient particulièrement de George (nom fictif), le premier père hébergé à la Maison indigène de Dolbeau. Après une paternité non prévue et l’absence de la mère, George a pris conscience de son rôle. « Il nous a dit qu’il ne fera pas les mêmes erreurs que son père. Grâce aux exercices de paternité du centre, il s’est transformé. Sans notre intervention, cet enfant aurait été placé sous la protection de la jeunesse, c’est certain », affirme Sébastien Ouellet. 

La stigmatisation est l’un des plus grands freins à la demande d’aide selon lui. Trop souvent, la société réduit la violence conjugale à ses manifestations les plus extrêmes : séquestration, meurtres, agressions physiques. Si ces réalités existent et doivent être combattues, elles ne représentent qu’une fraction du problème. « Le citoyen moyen ne se reconnaît pas dans les cas extrêmes montrés à la télévision. Si on ne parle que de ces situations, on passe à côté de milliers d’hommes qui auraient besoin d’aide, mais qui ne s’identifient pas comme violents », explique Sébastien Ouellet. 

« Appelons un chat, un chat » 

La directrice générale d’À cœur d’homme, Sabrina Nadeau, souhaite que les organismes provinciaux comme le sien mettent l’accent sur la responsabilisation. Le responsable, c’est celui qui exerce de la violence.  

À cœur d’homme regroupe 30 organismes communautaires présents partout au Québec. Leur mission est d’accompagner les hommes désirant mettre fin à leurs comportements violents au sein de leur couple ou de leur famille.  

« La violence n’est pas une perte de contrôle, mais une prise de contrôle. Ceux qui l’exercent ont souvent l’impression qu’ils perdent pied et utilisent la violence pour se réapproprier une forme de pouvoir. Notre rôle est de leur enseigner d’autres stratégies. » 

 

Besoin d’aide?  

Contactez À cœur d’homme : 

  • Par téléphone : 418 660-7799, sans frais 1 877 660-7799 
  • Rendez-vous sur quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes pour contacter des organismes venant en aide aux hommes en difficulté. 

Contactez le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) 

  • Par téléphone : 1 866 535-2822 

 

 

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