Les universités se transforment en entreprises privées selon Philippe Hurteau

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Les universités publiques québécoises se transforment en entreprises privées «au même titre qu’un McDonald’s». C’est du moins l’accusation portée par le chercheur de l’Institut de recherches d’informations socio-économiques (IRIS) Philippe Hurteau lors d’une conférence sur «l’Agonie des universités»,  mardi midi à l’UQAC.

L’économiste de l’IRIS, connu pour sa sensibilité aux mesures sociales, avance que le monde universitaire est victime de «malfinancement». Il précise qu’il ne s’agit pas nécessairement d’un manque de fonds, mais plutôt d’une orientation politique imposée par le gouvernement libéral qui a pour effet d’appauvrir plusieurs secteurs de recherche et de chambouler le rôle traditionnel de l’enseignement supérieur.

Depuis le tournant des années 2000, les administrations universitaires se voient obligées d’entrer dans une logique de compétition entre établissements afin d’attirer des étudiants et d’obtenir des contrats de recherche. Le tiers du budget de fonctionnement des universités dépend du financement privé, selon les chiffres de l’IRIS, ce qui force les facultés à multiplier les collaborations avec le monde des affaires.

La recherche au Québec a vu son financement exploser de 170 % entre 1999 et 2012, des tendances observables partout au Canada. «C’est le modèle américain qui est adopté», observe M. Hurteau. L’université devient ainsi un puissant lien entre le financement scientifique gouvernemental et les besoins en innovation des entreprises.

Il en résulte toutefois que les domaines de recherche fondamentale, dont les découvertes ne sont pas commercialisables, sont largement délaissés par les administrations universitaires qui doivent veiller à leur financement. Selon le chercheur, cela va à l’encontre du rôle de l’université qui devrait se limiter à «être un lieu de transmission du savoir et de formation citoyenne».

Pas d’amélioration en perspective 

Questionné à savoir si la période électorale pourrait rimer avec réinvestissement en éducation, Philippe Hurteau croit plutôt qu’aucun parti qui pourrait former le prochain gouvernement en octobre prochain n’est intéressé à renverser la situation.

Dans un exercice de «politique-fiction», l’économiste avance qu’un possible gouvernement caquiste pourrait être tenté de vouloir «casser le Québec» dans les premiers mois de son mandat, entre autres, en affrontant le mouvement étudiant pour augmenter significativement les frais de scolarité.

 

 

 

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