L’autoreprésentation juridique au Saguenay–Lac-Saint-Jean | Plusieurs accusés décident de prendre un avocat

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L’autoreprésentation juridique demeure un phénomène marginal même si l’on observe de plus en plus de cas. Sous la pression du système de justice, la majorité des accusés qui décident de se défendre seuls finissent par prendre un avocat.

Le juge à la retraite Jean-Paul Aubin qui fait encore de la suppléance le confirme: la première étape lorsqu’un citoyen se présente seul à la barre est de le convaincre d’aller voir un avocat.
Chaque semaine, lors des comparutions, deux ou trois personnes se présentent seules, observe l’avocat criminaliste Julien Boulianne. «Lorsqu’elles reçoivent la preuve et lorsque vient le temps de choisir entre juge et jury, de choisir l’enquête préliminaire, rapidement elles viennent nous consulter», constate-t-il.

L’avocat est catégorique, dans 99 % des cas, c’est une raison économique qui explique ce choix. Il témoigne que «ce sont des travailleurs qui gagnent juste un peu trop pour être admissibles à l’aide juridique, mais qui ne gagnent pas très cher» et qui en sont à leur premier contact avec le système de justice. Souvent, l’accusé souhaite simplement plaider coupable à l’accusation pour clore le dossier et refuse d’ajouter les frais d’avocat aux autres dépenses courantes.

Loin de l’image du citoyen affrontant le système par conviction, les cas d’accusés qui peuvent se payer un avocat, mais qui refusent croyant avoir gain de cause sont «rarissimes» selon Me Boulianne.

L’information juridique plus accessible

En près de 35 ans de magistrature, le juge Jean-Paul Aubin observe que les citoyens-plaideurs sont mieux préparés depuis une dizaine d’années. «Les informations juridiques sont définitivement plus accessibles avec Internet qu’auparavant», s’exclame-t-il. «Surtout au civil, les gens sont mieux informés, ils vont consulter la jurisprudence et peuvent nous surprendre», témoigne le juge.
L’avocat Julien Boulianne croit quant à lui que les gens sont mieux informés sont «ceux qui consultent l’avocat». «Mais avec des sites web juridiques comme Éducaloi, les gens arrivent au bureau avec déjà des connaissances sur leur cas», précise le criminaliste.

Se priver du savoir des membres du Barreau s’inscrit dans le courant actuel selon Me Boulianne. «C’est dans l’air du temps, comme les gens qui ne veulent pas passer par un agent immobilier. On pense qu’on peut tout faire soi-même pour économiser», philosophe-t-il.

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