Quand voyager devient payant
Quitter son quotidien pour vivre de folles aventures aux quatre coins du monde, et ce, à moindre coût, voilà le choix que font de plus en plus de voyageurs. En échange d’heures de travail, ils sont logés et nourris, découvrent du pays et s’imprègnent de la culture locale. Une formule gagnante que Mélissa Bouchard et Michelle Nadeau ont appréciées.
Workaway est un réseau international qui permet aux gens de travailler bénévolement dans toutes les régions du monde en échange d’un logement et de nourriture. Présentement, près de 34 000 destinations dans 170 pays sont disponibles pour des échanges de services.
Pendant son périple dans l’ouest des États-Unis, Mélissa Bouchard a utilisé Workaway à quatre reprises dans trois États différents (Alaska, Californie et Washington). Pour le coût total de son voyage d’une durée de six mois, elle aura déboursé la moitié du prix régulier grâce à ses trois mois de travailleuse bénévole. Ses aventures lui ont permis de vivre plusieurs expériences qu’elle qualifie d’incroyables. «J’ai travaillé dans un jardin biologique et dans un ranch de chevaux rescapés. J’ai aussi aidé pour un déménagement», énumère-t-elle avec un grand sourire.
«Une fois, j’ai dû m’occuper d’une trentaine de chiens husky. J’ai passé deux semaines complètement coupée du monde dans un chalet avec une collection de livres, en plus de veiller à cette tâche», raconte-t-elle. Ces deux semaines dans la forêt loin de toute civilisation sans électricité lui ont permis de faire le vide avec elle-même et de vivre d’une façon qui, en 2018, est peu commune. Son occupation dans cet État le plus au nord des États-Unis se résumait à prendre soin des husky adultes, de la nouvelle portée de chiots, de profiter du moment pour écrire dans son carnet de voyage ou de filmer son court métrage qu’elle aura finalement préparé pour son entrée à l’université.
Pour la Saguenéenne Michelle Nadeau, le programme WorldWide Opportunities on Organic Farms (WWOOF) lui a permis d’allonger significativement son voyage en Amérique du Sud avec son copain. Ils ont commencé leur périple en Colombie pour aboutir dans une ferme de cacao et de café quand ils ont quitté vers l’Équateur. Pendant leur expérience, ils ont pu toucher à toutes les phases de la production du chocolat. «Nous devions travailler de quatre à cinq heures par jour cinq jours par semaine. En échange, nous avions une maison et des aliments de base pour se nourrir. De plus, nous travaillions avec des femmes originaires de l’Équateur, donc nous pouvions côtoyer les locaux durant notre voyage», raconte avec enthousiasme Michelle Nadeau.
Aux yeux des deux globetrotteuses, travailler en échange de services permet de s’imprégner de la culture locale et ainsi apprendre de nouvelles choses qu’elles n’auraient pas pu expérimenter en restant au Québec.
Des liens d’amitié
Pierre Gilbert et sa femme accueillent des wwofeurs depuis sept ans. Ces résidents de l’écohameau de l’arrondissement de La Baie adorent cette expérience qui leur permet d’avoir de l’aide pour l’entretien de leur jardin biologique et de leur maison. «Le wwoofing est une des plus belles choses qui nous soit arrivée. Nous voyagions beaucoup avant, mais maintenant, recevoir les gens nous permet de continuer de voir le monde d’une nouvelle manière», a expliqué M. Gilbert.
Les voyageurs qui s’installent chez les Gilbert s’intègrent complètement à la routine familiale en travaillant cinq à six heures par jour, du lundi au vendredi. De plus, pour aider les wwoofeurs à s’imprégner du principe du développement durable qui leur est cher, la famille Gilbert organise des activités, des conférences et des rassemblements. «Nous voulons faire une intégration réelle des gens. Certaines fermes envoient des voyageurs à l’écart et les utilisent comme de la main-d’œuvre bon marché. De notre côté, ils deviennent des membres de la famille et nous tissons un bon lien d’amitié avec eux», conclut M. Gilbert.