Partager le ciel avec les oiseaux
Voler comme un oiseau. C’est un rêve qui séduit l’humanité depuis Icare et son vol trop près du soleil, en passant par les schémas de machines volantes de DeVinci et le ballon à air chaud des frères Montgolfier. En 1903, les frères Wright exécutent le premier vol à bord d’un avion. Un rêve devenu réalité et qui permet à des passionnés comme Jean Maltais de vivre des expériences inoubliables.
« On vient qu’on a la sensation d’un oiseau, on le ressent dans nos épaules parce qu’on contrôle avec nos bras. Alors quand je vois un aigle et que je le vois battre des ailes, je ressens la même chose dans mes épaules », décrit le pilote de brousse saguenéen Jean Maltais.
Cette sensibilité à l’air et au vent lui provient de sa tendre enfance. Plus jeune, M. Maltais habitait à quelques pas d’une hydrobase où il passait la plupart de ses temps libres, épaté par les appareils. N’ayant pas d’engin volant à sa disposition, c’est par le bateau à voile qu’il a commencé à s’amuser avec le vent. Ce fût alors le début d’une longue histoire d’amour. « Une voile de bateau, c’est comme un avion, sauf qu’elle est verticale au lieu d’être horizontale », indique-t-il.
De fil en aiguille, les passions aériennes se sont enchaînées. De la voile au parapente, l’évolution a été graduelle avant de le mener aux avions. « Ce qui m’a amené en aviation, c’est mon expérience du vent tout au long de ma vie », mentionne Jean Maltais.
Assembler le rêve
Le pilote de brousse est aux commandes d’un avion qu’il a construit de toutes pièces il y a maintenant 15 ans. Tout a commencé en 2007 alors que Jean Maltais a reçu plusieurs boîtes contenant les morceaux détachés de son futur appareil. Une dizaine de manuels consultés, 5700 heures et 32 000 rivets répandus sur deux ans et demi de travail l’ont mené à son impressionnante création : un hydravion de type Moose avec un moteur à neuf cylindres en étoile.
« Lorsque mes amis me demandaient pourquoi je passais autant de temps sur ce projet et me rappelaient que je n’avais jamais construit d’avion, je leur répondais que j’ai construit des avions miniatures toute ma vie et que je n’y voyais pas de différence », explique le pilote, avec un fier sourire.
L’expérience accumulée durant ces nombreuses heures de mécanique aéronautique l’a guidé vers la construction et la réparation d’hélicoptères. Son objectif était de s’en fabriquer un de ses propres mains. Une idée sur laquelle il a dû mettre une croix en raison du manque de temps libre. « C’était mon rêve d’avoir un hélico, mais je ne pense pas que ça va se réaliser », déclare avec nostalgie l’aviateur d’expérience.
Beau temps, mauvais temps
Voler peut être aussi spectaculaire que dangereux. Les pannes d’essence, de moteur ou encore les conditions météorologiques sont toutes des embûches qui peuvent se mettre sur la piste des pilotes. « Ce qui prime, c’est la sécurité. S’il arrive des situations, on doit en premier lieu s’assurer que le vol demeure sûr », exprime un instructeur de vol de l’école Exactair, Jacques Paradis.
De là l’importance de discerner l’air et le vent comme le fait si bien Jean Maltais. « Je ressens mon avion, donc je n’ai pas besoin de réfléchir, c’est mon instinct qui me guide », mentionne-t-il. Pour ceux qui débutent dans le domaine, ce n’est pas une compétence facile à acquérir. « Quand on vole, on passe d’un monde bidimensionnel à un monde tridimensionnel. On doit commencer à gérer les sensations du haut vers le bas, qui sont très étrangères au corps humain », indique Jacques Paradis.
Ce genre de situation fait partie des risques à prendre pour se compter parmi les rares qui peuvent réaliser le plus grand rêve de l’humanité et partager le ciel avec les oiseaux.