Amélioration du système de santé québécois | Un plaidoyer pour la santé intégrative

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Souffrant d’arthrite sévère, Jacqueline Lagacé ne pensait pas un jour retrouver l’usage normal de ses doigts et mettre fin à ses graves maux de dos. Elle découvre alors un régime alimentaire qui se révèlera une solution miracle. Depuis, la scientifique milite activement pour la reconnaissance des médecines alternatives au sein du système de santé québécois, par ses livres, ses conférences et ses entrevues.

En suivant la diète hypotoxique du médecin clinicien et spécialisé en immunologie et gastroentérologie, Dr Jean Seignalet, Jacqueline Lagacé a vu la douleur de ses doigts s’estomper en 10 jours. Seize mois plus tard, la professeure-chercheure de microbiologie et immunologie, retraitée et originaire de Chicoutimi, utilisait ses mains librement et n’avait plus aucune douleur articulaire. Sa curiosité l’amènera à lire des centaines d’articles scientifiques récents portant, entre autres, sur le lien entre l’alimentation et les différentes maladies d’inflammation chronique.

Elle se lance alors dans l’écriture d’un livre qui démontre les bases scientifiques des travaux du Dr Seignalet, Comment j’ai vaincu la douleur et l’inflammation chronique par l’alimentation. Dès lors, les réactions positives de gens qui ont suivi le régime pleuvent sur son blogue.

Un modèle à revoir

Se basant sur sa propre expérience et encouragée par des milliers de témoignages, Jacqueline Lagacé remet en question le traitement conventionnel des maladies chroniques, souvent soignées de façon insatisfaisante à son avis. Elle reproche à la médecine conventionnelle de s’intéresser aux symptômes plutôt qu’à la cause. Il est temps, selon elle, d’appliquer une nouvelle approche de soins au Québec, la santé intégrative, déjà en place ailleurs au Canada et dans plusieurs universités américaines.

En santé intégrative, les traitements proposés par les praticiens sont axés sur le bien-être du patient et tiennent compte de la globalité de l’individu. L’approche est basée sur la collaboration interdisciplinaire dans le but d’améliorer la pertinence et l’efficacité des soins.

Le regroupement avec lequel travaille la scientifique est conseillé, entre autres, par trois anciens ministres de la santé. Dépendamment du calendrier du nouveau gouvernement, une pétition officielle pourrait être présentée au public en janvier-février 2019. Dans son document explicatif Posons un geste concret pour améliorer notre système de santé…osons la santé intégrative!, elle réclame pour le patient la liberté de choix de traitements, le droit des médecins à la collaboration interdisciplinaire et plus de justice pour les associations de praticiens de soins complémentaires ayant une formation validée.

Reconnaissance interprofessionnelle difficile

Présentement, «de nombreux médecins craignent de discuter des thérapies de médecines complémentaires avec leurs patients et évitent de recommander ces traitements par crainte de représailles de la part du Collège des médecins», dénonce Jacqueline Lagacé. La pression exercée par cette autorité médicale est telle que «même le simple fait de prescrire un changement alimentaire plutôt que la prescription de médicaments peut leur causer des problèmes», laisse-t-elle entendre.

En réponse à cette affirmation, le Collège des médecins se défend en disant encourager fortement la collaboration interprofessionnelle. «On parle toutefois de professions reconnues, encadrées par un ordre professionnel» souligne la relationniste de presse Caroline Régis. Ainsi, toute profession ou étude non jugée fiable par le Collège est rejetée. Le code de déontologie des médecins stipule que «le médecin, dans l’exercice de sa profession, ne doit pas consulter un charlatan ni collaborer de quelque façon que ce soit avec lui».

Un praticien de santé intégrative peut être tout simplement un(e) professeur(e) de yoga, en cas de problèmes de l’appareil musculo-squelettique.

Jacqueline Lagacé pense que «les actions du gouvernement devraient favoriser une valorisation en même temps qu’un meilleur contrôle de la qualité des intervenants en santé intégrative qui ne sont pas régis par un ordre professionnel.»

À quand le changement ?

Alexandre Audet, diplômé en médecine de l’Université du Québec à Chicoutimi, pense qu’«en 2018, la place accordée aux médecins est parfois trop grande, car nous ne sommes pas les seuls à pouvoir aider les patients». Il spécifie néanmoins que «toutes ces différentes pratiques nécessitent d’être encadrées et avec des études scientifiques les soutenant».

Au moment d’écrire ces lignes, Jacqueline Lagacé et ses collaborateurs rassemblent une large documentation pour convaincre les politiciens de modifier les lois régissant l’administration des soins de santé afin d’en améliorer l’accessibilité, la qualité, la pertinence et la variété au cours des prochaines années. Elle conclut qu’Hippocrate, père de la médecine moderne, avait affirmé la primauté de l’alimentation: «’’Que ton aliment soit ta première médecine’’, un dicton délaissé dans la pratique actuelle», déplore-t-elle.

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