Phosphore | Une pénurie à éviter selon Patrick Déry

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Patrick Déry est aussi professeur-chercheur à la Chaire de recherche industrielle en technologies des énergies renouvelables et du rendement énergétique (TERRE) du Cégep de Jonquière.

Le pic du phosphore, c’est-à-dire le moment de sa production maximale, sera atteint autour de 2150 et une pénurie mondiale pourrait s’en suivre. L’épuisement de cette ressource obligerait l’humanité à revoir sa façon de faire de l’agriculture. C’est ce qu’a expliqué le physicien et spécialiste des énergies renouvelables, Patrick Déry, lors de sa conférence donnée jeudi à L’érudit Café.

Élément chimique essentiel à la vie, le phosphore est synonyme de fertilisation. Il forme, avec l’azote et le potassium, un mélange gagnant pour l’épanouissement des végétaux. «Le phosphore est la vie et la mort en même temps, a exprimé M. Déry. Sans lui, rien n’existe, avec lui, tout fructifie.» 80 % du phosphore est transformé en engrais chimique pour l’agriculture.

Or, cette ressource se trouve en quantité limitée sur la planète, à des endroits précis. Elle provient principalement de la roche, à des concentrations variables. Dans les couches sédimentaires, on peut extraire du minerai composé à 50 % de phosphate. Ces zones seront bientôt vides. Les compagnies minières se tournent maintenant vers la roche dite ignée, où le phosphate est présent à seulement 7 %, c’est le cas du projet Arianne Phosphate dans la région. Le besoin est tellement criant que même un processus complexe et coûteux sera rentable en fin de compte.

Le phosphore a été déterminé comme une matière minérale critique par l’ONU.

«Le problème, c’est que notre approche d’exploitation du phosphore est linéaire. Il provient toujours des mines. On le prend concentré et on le diffuse partout. Il faut s’orienter vers un système cyclique, en réduisant les pertes», souligne Patrick Déry. Dans le système actuel, le phosphore se retrouve dans les cours d’eau, puis dans l’océan. Le précieux minerai est alors irrécupérable, car il trop dilué. De plus, l’épandage des engrais chimiques en agriculture entraîne l’étouffement des plans d’eau calme (eutrophisation), en nourrissant excessivement les algues du milieu humide, qui consomment tout l’oxygène disponible dans l’eau.

D’autres genres de modèles, plus viables, ont longtemps été appliqués en Asie, avant que les terres nécessitent des compensations d’éléments nutritifs. La base de ces méthodes est de récupérer les excréments animaliers et humains, riches en nutriments, et de les réintégrer dans les champs.

Par ailleurs, la forêt amazonienne est nourrie par le phosphore en provenance de l’Afrique, voyageant par le vent. La plus grande réserve de phosphate est au Maroc. En 2015, une première étude a été en mesure de quantifier que près de 22 000 tonnes de phosphore traverse chaque année l’océan Atlantique par les airs, du Sahara jusqu’à la forêt amazonienne.

 

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