Gaspillage réglementaire

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Le local de l’organisme Les Gratuivores situé sur la rue du Havre à Chicoutimi. PHOTO : Charlotte Coté-Hamel

(CHRONIQUE) En manchette ce soir, la planète se meurt, 58% de la nourriture produite est jetée au Canada et… le MAPAQ force la fermeture d’un organisme qui encourage le déchétarisme. À coups de normes, de lois, de règlements et de mesures administratives, on étouffe dans l’œuf des projets pourtant écologiques, économiques et, à première vue, tout à fait inoffensifs.

L’organisme Les Gratuivores, un groupe pratiquant le déchétarisme à Chicoutimi, a été forcé, dans les derniers mois, de cesser les virées dans les poubelles des épiceries pour des raisons purement administratives. Le groupe récoltait, à chaque «plongée», jusqu’à 10 glacières d’aliments encore bons pour la consommation.

Ces trésors récoltés à même ce que les épiceries jetaient étaient, par la suite, redistribués à ceux qui le voulaient bien, souvent des gens à revenus modestes. Pour assurer sa survie et pour couvrir ses maigres dépenses, notamment la location d’un local pour la distribution, l’organisme de la rue du Havre à Chicoutimi demandait une contribution volontaire à ceux qui profitaient de ses services. 

Or, ce groupe a été obligé de se munir d’un permis, car le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a jugé que la contribution volontaire proposée par l’organisme était en fait « une forme de vente ». Seul hic, s’ils se munissaient d’un permis de vente, les Gratuivores devraient se soumettre à des inspections constantes et à des normes sévères, comme c’est le cas dans les épiceries. Évidemment, l’hygiène est importante. Les organismes qui profitent des rebuts des grandes chaînes doivent être extrêmement prudents lors de leurs collectes, certes. 

Mais alors que la planète semble de plus en plus être dans un cul-de-sac environnemental et que les rapports ne cessent de s’empiler comme quoi nous devons à tout prix prendre des actions concrètes pour réduire notre consommation de biens, mais aussi de nourriture, on s’entête à taper sur la tête d’organismes qui s’inscrivent dans cette lignée. 

Si on entend sur toutes les tribunes que le peuple québécois est «parmi les plus écologiques du monde », pourquoi est-ce que nos lois et notre gouvernement ne suivent pas la tendance pour réduire le gaspillage alimentaire, comme c’est le cas en France ? 

Ah, oui, j’oubliais : normes, mesures administratives et règlements obligent, on devra regarder nos ressources s’épuiser, une poubelle à la fois.  

 

 

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