Les véhicules électriques réussiront-ils l’impossible?

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Selon le rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie Renouvelable de 2017, pour atteindre l’objectif de limitation de 2 degrés Celsius, le monde devra diminuer de 50% sa consommation de pétrole d’ici 2050. Alors que le Québec semble jusqu’à maintenant incapable de réaliser cet exploit, la voiture électrique représenterait-elle la solution?

C’est du moins la solution avancée par l’Agence Internationale de l’Énergie Renouvelable afin d’atteindre l’objectif de limitation de deux degrés Celsius. Selon leurs estimations, le pourcentage de véhicules électriques (légers et lourds) vendus dans le monde devra passer de 1% à 70% d’ici 2050 pour déjouer les pronostics.

Au Québec, le secteur des transports est la source la plus importante de pollution atmosphérique. C’est 62% des émissions polluantes qui étaient liées au secteur des transports en 2008 selon le rapport du gouvernement du Québec, inventaire des émissions des principaux contaminants atmosphériques au Québec en 2008 et évolution depuis 1990.

La pollution causée par les transports a un grand impact et le changement vers les véhicules électriques ferait une différence. Crédit photo: Daniel Breton

 

De plus, la politique énergétique 2030 présentée par le gouvernement de Phillipe Couillard visait une diminution de 40% des produits pétroliers consommés dans la province en 2030 par rapport à notre consommation de 2013. Notre consommation de ces produits a plutôt augmenté de 10% entre 2013 et 2018 et ce pourcentage atteindra 30% en 2030 selon le rapport de L’État de l’énergie de 2019.

Un mal nécessaire selon un ancien ministre 

Le Québec compte 99 % d’électricité renouvelable. Résultat? Les émissions de GES d’une voiture électrique seront environ 65 % plus basses sur 150 000 km et 80 % plus basses sur 300 000 km au Québec selon un rapport du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) destinés à Hydro-Québec en 2016.

Le graphique démontre que la situation doit changer. Crédit photo: Daniel Breton

 

Le conseiller en électrification des transports et ancien ministre du Développement durable et de l’Environnement, Daniel Breton, est persuadé que la transition vers l’électrification des transports est un mal nécessaire pour la province. «Nous aurons tous notre rôle à jouer. Je suis conscient que la mode est au “sans effort”: apprendre une nouvelle langue sans effort, perdre du poids sans effort, faire de l’argent sans effort, diminuer notre dépendance au pétrole sans effort, mais la transition énergétique, tout comme la vie, ne se fera pas sans effort. Ceux et celles qui vous racontent autre chose vous mentent ou ne savent pas ce dont ils parlent.», admet-il avec passion.

Spécialisé sur l’industrie automobile, le chroniqueur automobile, Marc Bouchard, est aussi d’avis que les véhicules représentent l’avenir pour des raisons environnementales et économiques. « Aller récolter le pétrole sera de plus coûteux et de plus en plus complexe. Le traitement du pétrole le sera aussi. C’est certain que ça va représenter le futur de l’automobile.

Une solution imparfaite

Plusieurs doutes sont émis quant à l’impact écologique du véhicule électrique sur la place publique. Dans les dernières années, des rapports crédibles sur le sujet ont été médiatisés. C’est le cas du rapport de l’Union européenne en 2018 et de celui préparé pour Hydro-Québec du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) en 2016. Ces derniers avaient conclu que le cycle de vie des véhicules électriques a un impact non négligeable sur l’environnement, parfois même pire que les véhicules à essence dans plusieurs pays.

Contrairement au Québec, ces territoires produisent leur électricité grâce à l’énergie fossile. Les auteurs de ces comptes rendus publics ont pointé du doigt la problématique du recyclage des batteries de ce type de véhicule. Selon Daniel Breton, la technologie n’est certainement pas parfaite, mais elle évolue d’année en année. « Prenons comme exemple le consortium composé d’entreprises québécoises et d’Hydro-Québec qui pourra recycler jusqu’à 95 % des composantes de la batterie, dont le lithium, le cobalt et le graphite», explique-t-il. L’expert en électrification des transports ajoute que la production pétrolière devient «de plus en plus sale».

«En 2018, près des deux tiers de la production pétrolière canadienne provenaient des sables bitumineux. Aux États-Unis, le pétrole de schiste représentait 51 % de la production totale de pétrole en 2015. Or, ces deux types de pétrole émettent beaucoup plus de GES et de pollution atmosphérique que le pétrole conventionnel et leur production est en constante augmentation.», dénonce l’environnementaliste. En contrepartie, le carburant de la voiture électrique, l’électricité, ne cesse de se « verdir » en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde selon M. Breton.

«Si, au Québec, nous en sommes déjà à 99 % d’électricité renouvelable, les émissions de GES de la production d’électricité ont diminué de 54 % dans l’État de New York et de 87 % en Ontario entre 1990 et 2015», démontre le conseiller en électrification des transports.

 

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