Enjeux autochtones : s’affranchir du papa fédéral

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Hélène Boivin considère que les Premières Nations sont « devenues des incontournables dans les actions de développement et de l’avenir de notre pays ».
Photo : Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord

« Encore aujourd’hui, en 2020, il existe une méconnaissance importante des enjeux et réalités des peuples autochtones au Québec. »

C’est ce qu’a affirmé d’emblée mardi la coordonnatrice aux relations gouvernementales et stratégiques de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, Hélène Boivin, lors de la conférence « Enjeux et réalités autochtones : Perspectives de Mashteuiatsh ». La femme de la communauté innue a démystifié de nombreux thèmes, et a défendu le droit des Autochtones à l’autodétermination.

La Loi sur les Indiens a pris une place importante lors de l’événement organisé par la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord, en collaboration avec la Société de Développement Économique Ilnu.

« En vertu de cette loi-là, on est encore aujourd’hui des citoyens mineurs. On a besoin d’un papa, et d’un papa fédéral pour décider pour nous », a énoncé Hélène Boivin. Cette législation a de nombreuses conséquences. Par exemple, si une personne désire construire une maison à Mashteuiatsh, elle doit en garantir 100% des coûts. Cette mesure s’explique par le fait que les biens de l’individu ne peuvent être saisis, et qu’il n’a pas droit au crédit.

« On va se dire les vraies affaires, on est colonisés à l’os », a-t-elle déclaré sans ambages.  Elle considère que les enjeux autochtones ne font pas par partie des priorités du gouvernement du Québec et du Canada. La conférencière a notamment souligné l’importance pour les peuples des Premières Nations d’avoir accès à leur territoire ancestral : « Si on perd le lien avec notre territoire, on est foutu, parce que notre culture distinctive [y] est intimement liée. »

Remettre les pendules à l’heure

Hélène Boivin considère qu’un manque de connaissances de l’histoire des Premières Nations reste à combler. Elle a d’ailleurs mis en lumière que la Constitution du Canada ne reconnaît que deux peuples fondateurs, ce qu’elle qualifie d’« erreur historique majeure ».

La conférencière a conclu que les relations de nation à nation doivent s’effectuer selon des valeurs de respect et d’ouverture. « J’aimerais ça que vous [les allochtones] vous vous mettiez dans notre perspective. Parce que nous, on est toujours dans la vôtre », a fait valoir la résidente de Mashteuiatsh.

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