Mesures sanitaires : des restaurants pris en défaut
Passeport vaccinal et carte d’identité non exigés, port du masque négligé et nettoyage des mains facultatif, voilà ce que les journalistes de La Pige ont pu observer dans quelques restaurants de Saguenay, le samedi 25 septembre.
Tout au long de cette journée, sept journalistes ont visité autant de restaurants de petites surfaces et non affiliés à une chaîne. L’objectif de la démarche journalistique: vérifier si la loi sur les passeports vaccinaux était respectée à la lettre ainsi que les autres mesures sanitaires. Conclusion: l’application de la loi fait défaut chez certains restaurateurs alors que d’autres la respectent sans toutefois l’approuver.
Passeports vaccinaux
Dans un restaurant où sont servis déjeuners et dîners à Jonquière, notre journaliste terrain n’a pas eu besoin de présenter son passeport vaccinal lors de son arrivée. Une fois assis à sa table, il a lui-même pris l’initiative de demander s’il était nécessaire de montrer sa preuve vaccinale. Pendant cet échange avec la serveuse, celle-ci lui a gentiment répondu que ce n’était pas nécessaire, pourvu qu’il l’ait en sa possession.
Un autre restaurant déjeuner situé à Chicoutimi a lui aussi été responsable de quelques accros à la loi. Au moment où notre journaliste dégustait son repas, elle a remarqué que plusieurs clients réguliers n’ont pas eu besoin de sortir leur passeport vaccinal puisque la réception les reconnaissait aisément. Ensuite, un duo a réussi à entrer dans la salle à manger sans preuve de vaccination. Selon la journaliste sur place, la mention d’une date à laquelle les arrivants ont reçu leurs doses de vaccin aurait suffi pour profiter des services du restaurant.
En début d’après-midi, La Pige a également rendu visite à un petit restaurant de la rue Saint-Dominique, à Jonquière, là où d’autres complications en lien avec le passeport vaccinal ont été observées. Environ 30 minutes après avoir passé sa commande, la journaliste en couverture ne s’était toujours pas servie de sa preuve vaccinale depuis qu’elle avait mis les pieds dans le restaurant. Quelques instants plus tard, une employée lui a finalement demandé de présenter son code QR, et ce, sans carte d’identité.
Autres mesures sanitaires
Pour d’autres restaurants, c’était plutôt l’application des nombreuses règles sanitaires qui causait problème. Du port du masque jusqu’au lavage des mains, quelques failles ont été découvertes dans ces petits bistros. Dans certains cas, il était très facile pour les journalistes sur place de se promener sans masque en évitant de se faire avertir. De nombreux employés ont également été aperçus avec un couvre-visage au menton sur le plancher et dans la cuisine. Finalement, même si des affiches rappelaient le nettoyage obligatoire des mains, sa surveillance le rendait plutôt facultatif.
Dans la salle à manger du Dixie & Paul, situé sur la rue Sainte-Famille à Jonquière, les résultats sont bien différents. Aux alentours de 18h cette même journée, les consignes sanitaires étaient respectées à la lettre. Par contre, le propriétaire du restaurant, Richard Bergeron, est plutôt critique envers cette preuve vaccinale, lui qui applique cette mesure tout simplement pour éviter d’être sanctionné. « Cette loi est oppressive, ceux qui possèdent un bar, un cinéma ou un restaurant et qui n’imposent pas le passeport vaccinal, c’est juste du gros bon sens. »
La réaction des autorités locales
Mis au fait des observations rapportées par les journalistes de La Pige, le porte-parole de la police de Saguenay, Bruno Cormier, s’est porté à la défense des petits restaurants en admettant que les clients ne saisissent pas toujours l’importance du respect des mesures sanitaires. « Il y a tellement de changements que les gens deviennent mêlés un peu et il y en a d’autres qui comprennent mal les règles, tout simplement », commente-t-il. De plus, M. Cormier confirme que plusieurs équipes d’investigateurs ont été formées à travers le Québec afin de vérifier l’application des consignes à l’intérieur des restaurants.
Quant au CIUSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il rappelle que les commerçants qui enfreignent les règles sanitaires peuvent recevoir une amende située entre 1000 $ et 6000 $. Pour les clients, une amende peut aussi être octroyée si une personne ne possède pas de preuve vaccinale et refuse de quitter les lieux lorsqu’on lui ordonne. La santé publique mentionne que « la collaboration de tous est essentielle dans la mise en œuvre de ces nouvelles modalités. »
Avec la précieuse collaboration de Félix Côté, Mély-Anne Dupuis, Noémie Lacoste, Théa Ribault, William Thériault et Roxane Tremblay.