À la rencontre de la mort avec Corps Titan
Être happée à vélo par un poids lourd, sentir son corps se briser en une fraction de seconde, c’est ce qu’a vécu la comédienne Audrey Talbot, le 28 mai 2013. Dans sa pièce Corps Titan elle retrace son parcours vers la guérison sans détour.
Les premiers instants de la pièce sont froids, l’auteure Audrey Talbot met rapidement en garde son public. Elle indique que les deux prochaines heures ne seront pas faciles à entendre. En ajoutant qu’aussi invraisemblable que cela puisse paraître, c’est bel et bien son histoire.
Les cinq comédiens plongent instantanément les spectateurs dans le récit grâce aux détails imagés de l’accident. La formule fonctionne bien, la scène est épurée et les dialogues vont droit au but, ça amène le public à imaginer de lui-même l’événement brutal. Le metteur en scène, Philippe Cyr, a habilement réussi à faire voir sans montrer, ce qui rend l’œuvre singulière.
L’interprétation des acteurs est très juste, Papy Maurice Mbwiti, Audrey Talbot, Francis Ducharme, Catherine Larochelle et Leni Parkeri, arrivent à enchaîner habilement les personnages. Passant du frère de la comédienne au personnel soignant, sans perdre la compréhension du public. Ça permet de garder un bon rythme tout le long et de ne pas voir passer les 2h30 de la pièce.
L’auteure revient sur l’évènement avec une telle facilité, même si raconter son expérience face à la mort demande énormément de vulnérabilité. Le fait qu’elle incarne son propre rôle est une valeur ajoutée et une garantie d’émotion. Le public est suspendu à ses lèvres. Rapidement, les silences laissent place aux sons des sanglots.
Le récit avance crescendo, le titre Corps Titan prend tout son sens. La pièce amène les spectateurs à traverser son quotidien entre les opérations dangereuses, les changements de bandages douloureux, la rééducation intensive et les changements d’hôpitaux. Son œuvre est une sorte d’ode à tout le personnel soignant que la comédienne a rencontré pendant son long parcours.
Cette pièce n’est peut-être pas recommandée aux âmes les plus sensibles, mais l’expérience en vaut la peine. À la sortie, les spectateurs étaient subjugués par la résilience d’Audrey Talbot face aux événements qu’elle a vécus. La salle du Théâtre C n’était remplie qu’à moitié mercredi soir, pourtant tout le monde gagnerait à assister à cette pièce.